Cellules Communistes Combattantes
Nous détruisons le siège du patronat, 1er mai
1985
À propos de la lutte armée
1.
Ce
serait un euphémisme de dire que l’apparition d’une pratique de guérilla
révolutionnaire a provoqué des remous dans le train-train misérable de la lutte
politique dans notre pays. À première vue, en pourrait penser que ce
remue-ménage repose sur le seul fait que la pratique des Cellules Communistes
Combattantes, pratique offensive politico-militaire, bouleverse les habitudes kollaborationnistes des organisations issues de la lutte
des classes. En effet, ce qui apparaît d’une étude superficielle, et qui
semblerait nous différencier fondamentalement des autres groupes, organisations
ou partis réformistes, tient dans notre pratique de la lutte armée.
Cette réduction simpliste de ce qui sépare la lutte
révolutionnaire des fossiles réformistes est erronée. Les Cellules Communistes
Combattantes ne se différencient pas fondamentalement du reste de l’éventail
politique par la lutte armée, mais surtout par leur direction
marxiste-léniniste authentique, leurs perspectives réellement révolutionnaires.
La lutte armée s’est imposée par l’analyse politique, et c’est sur cette
analyse que se construiront de façon durable l’unité,
les progrès collectifs, la mobilisation du prolétariat.
Nous avons déjà ressenti beaucoup de sympathie et beaucoup
de haine sur cette vision floue de notre lutte ramenée uniquement à sa pratique
armée. Et nous nous méfions tout autant de la fragilité des sympathies reposant
sur cette caractéristique que nous en connaissons le caractère éphémère. Nous nous proposons d’expliquer, une première fois dans ce
texte, la détermination politique qui motive l’option stratégique fondamentale
de la lutte armée, ses origines et ses perspectives, son adéquation tactique,
etc.
2.
Il
s’impose, pour mener une analyse correcte déterminant tel ou tel choix
stratégique, de se référer aux tâches fondamentales des révolutionnaires. Une
chose oubliée depuis longtemps par tous ceux qui, dans la quiétude de leur intégration,
usurpent et dénaturent cette tâche, est celle-ci : la tâche des révolutionnaires
est de faire la révolution. Et globalement, cela se traduit à travers deux
grands axes. Le premier, et celui qui est capital en cette période de
renaissance du mouvement révolutionnaire international, est
une tâche politique. C’est la lutte pour l’émergence et l’élargissement de la
conscience de classe. La conscience de classe, cela veut dire une analyse
collective des travailleurs sur leur situation dans le cadre du mode de
production capitaliste, sur les contradictions des classes au sein de ce
système, sur les perspectives historiques du devenir du prolétariat, sur les
moyens politico-organisationnels à mettre en œuvre
pour renverser la bourgeoisie. Cette conscience de classe est la base
idéologique où peut s’affirmer la direction marxiste-léniniste, dans un
mouvement de progrès et de qualité se nourrissant dans un équilibre offensif.
Une analyse matérialiste de la classe prolétarienne, de sa
situation objective et de son devenir, dans une vision internationaliste, pose,
en effet, un grand nombre de questions, auxquelles seul le marxisme-léninisme
permet de répondre. Par exemple, de quelle Organisation la classe ouvrière
doit-elle se doter pour vaincre, quelle est la nature de l’État sous la
dictature bourgeoise, quelles sont les perspectives aujourd’hui pour le combat
de classe, pourquoi se battre pour la dictature du prolétariat, etc.
Ce travail politique, fait de propagande, de discussions,
d’élaboration théorique, politique et stratégique, de bilans critiques et
éducatifs des expériences du passé et du présent, de conscientisation, ne peut
vivre qu’au sein de la lutte de classe. La conscience ne peut naître que dans
le combat et renforce le combat dans un rapport dialectique. Voilà pourquoi
cette tâche politique prioritaire doit être comprise, non comme l’absolu
mystique des porteurs de la bonne parole, mais comme un élément central et
décisif pour le développement du processus révolutionnaire dans la marche vers
le socialisme.
3.
La
seconde des tâches fondamentales, indissociable de la première, est de mener le
travail organisationnel. Cela veut dire organiser et unifier les potentialités
sans cesse croissantes de l’émergence de la conscience de classe et les
manifestations de lutte spontanée sous la direction du marxisme-léninisme, afin
d’en faire une véritable force révolutionnaire historique.
Nous reviendrons sur les caractéristiques du travail
organisationnel, mais nous voulons souligner que si nous avons placé cette tâche
en second lieu — bien qu’indissociable —, c’est parce que pour nous, comme pour
l’ensemble du mouvement communiste international, la critique de 15 ans de
lutte armée dans les métropoles révèle des lacunes certaines dans la direction
politique et qu’il s’impose impérativement de les combler. Nous disons aussi
que le politique étant l’élément déterminant de l’unification de classe, dans
la conjoncture actuelle, après 40 années de révisionnisme, il s’impose de mener
un grand travail pour réimplanter le marxisme révolutionnaire au sein du
prolétariat.
4.
Tout
travail politique doit se concevoir à partir de la situation concrète. Seule
une vision claire et précise, à partir d’un point de vue de classe, permet de
définir les axes prioritaires pour ce travail, les vides à combler, les
réponses à apporter, les erreurs à combattre ...
Partir de la situation concrète signifie aussi que, pour optimaliser ce travail
politique, il doit être adapté et modulé en fonction du terrain où il se mène.
Le travail politique doit apporter des réponses globales et historiques en
partant des situations concrètes de lutte, il doit partir du particulier de
chaque lutte pour rejoindre le général du combat révolutionnaire.
5.
Actuellement,
et dans ce pays comme dans d’autres, la bourgeoisie et le prolétariat
s’affrontent sur deux terrains fondamentaux :
la lutte contre l’austérité et la lutte contre la guerre. C’est au sein de ces
deux affrontements que se trouve, aujourd’hui, concentré le conflit de classes.
Dans chacun de ces espaces de lutte, une ou plusieurs
contradictions irréductibles opposent totalement les exploités et les
exploiteurs, et dans chacun de ces cas, l’impossibilité de trouver un règlement
négocié avec la bourgeoisie induit une opposition de plus en plus globale, nécessairement
de plus en plus politique, au mode de production capitaliste. Enfin, face à ces
deux nœuds de l’antagonisme, les organisations réformistes et kollaborationnistes ( PC, PS, syndicats et mouvement de
la paix, par ex. ), ont perdu tout crédit quant à
leur volonté et leur capacité de faire face à la situation.
Au regard de cela, nous pouvons dire que la conjoncture est
historiquement propice à l’implantation et au développement d’un fort mouvement
révolutionnaire, si la direction politique des avant-gardes de ce mouvement est
capable de comprendre les potentialités et les exigences de cette conjoncture
et de remplir son devoir face à elles.
C’est donc au sein des deux champs où s’affrontent la
bourgeoisie et le prolétariat, pour le devenir historique, que les Cellules
Communistes Combattantes fondent leur politique.
6.
Il
existe pourtant bien d’autres terrains de mobilisation à partir desquels
s’exprime le mécontentement populaire et sa volonté d’un monde moins injuste.
Citons par exemple, les luttes contre les fastes onéreux pour l’incursion de Wojtyla, la famine en Ethiopie, la pénalisation de
l’avortement, l’anarchique développement des industries nucléaires, la
dégradation de l’environnement, les interventions US en Amérique latine, etc.
Mais, même s’il est vrai que ces revendications sont
fondamentalement légitimes, elles ont un caractère réformiste, donc secondaire,
et ne peuvent être prises en considération comme contradictions à partir
desquelles existe la possibilité d’homogénéisation politique et organisationnelle
de la classe ouvrière. Les luttes réformistes ne s’opposent pas de façon
antagonique au développement du capitalisme, elles visent généralement à son
aménagement et ne visent jamais à sa destruction, ce qui explique aussi
pourquoi ces luttes sont presque toujours dirigées par la petite-bourgeoisie
intellectuelle, dont le rôle historique en cette époque est d’être la courroie
de transmission de l’idéologie bourgeoise vers les masses.
Pour résumer, nous pouvons dire que les luttes réformistes sont
l’expression de contradictions objectives entre la société et l’impérialisme,
et que dans ce sens les révolutionnaires doivent y répondre. Mais elles n’ont
en aucun cas la potentialité globalisante, l’irréductibilité historique qui
définissent la lutte contre l’austérité et la lutte contre la guerre ( même si
aujourd’hui l’organisation des masses sur ces questions est aux mains de la
bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie ).
7.
Dans
cette compréhension des choses, quel doit être l’axe principal du travail
politique ? Il faut développer la
compréhension de la globalité recouvrant tous les problèmes auxquels notre
classe est confrontée, c’est-à-dire développer la compréhension de
l’impérialisme comme stade suprême du mode de production capitaliste, de la lutte
des classes comme moteur de l’histoire, de la nécessité de la destruction du
mode de production capitaliste et de la construction de l’État Ouvrier, du
socialisme, comme seule réponse à nos problèmes.
Pour les Cellules, comme pour tout révolutionnaire conséquent,
il s’agit donc de mettre en avant l’unité objective des intérêts de la classe
prolétarienne, et sur cette base, tracer les perspectives concrètes de la
marche vers le socialisme.
Toute l’activité des Cellules Communistes Combattantes tend
en ce sens, en reliant les mouvements anti-austérité et anti-guerre en un
unique mouvement de classe contre le capitalisme fauteur de crises et de
guerres, en reliant chaque partie de l’ensemble dans la lutte pour le
socialisme.
8.
Comme
nous le soulignions plus haut, tout développement politique impose un
développement organisationnel. Aujourd’hui, à l’heure où les effets de la crise
et la mémoire de la classe ouvrière nourrissent une tendance à la
conscientisation des travailleurs, où s’impose l’élaboration d’une stratégie
révolutionnaire de masses pour la prise du pouvoir, où l’impérialisme a réalisé
une prolétarisation de l’ensemble du monde du travail, la création et la
structuration d’une Organisation de l’avant-garde de tous les secteurs est
d’actualité.
L’outil politique et militaire adéquat pour la formalisation
et l’optimalisation des potentialités et exigences de la conjoncture, cet outil
dont la nécessité se fait ressentir de plus en plus gravement dans toutes les
luttes ouvrières, est l’Organisation Combattante des Prolétaires.
La construction de cette Organisation est le premier grand
pas historique à franchir, et le combat des Cellules Communistes Combattantes
en sera un des éléments constitutifs.
9.
La
tâche de cette Organisation, de cette forme organisée de la classe
prolétarienne et de sa lutte, est de diriger politiquement le mouvement de la
classe. Cette fonction est rendue indispensable en ce que seule l’Organisation —
déjà guidée par les enseignements du socialisme scientifique — est à même
d’appréhender la totalité du mouvement de classe et de l’organiser correctement
dès l’expression d’une radicalisation de l’antagonisme. L’Organisation
trouve sa légitimité dans le combat prolétarien et se révèle indispensable à
son développement, elle se concrétise dans l’unification disciplinée des
éléments d’avant-garde et combatifs sous la direction
du marxisme-léninisme. La conjonction de ces deux facteurs est indispensable et
peut permettre à l’Organisation de restituer au combat des masses une direction
juste et révolutionnaire qui, de la radicalisation de l’affrontement et du
développement des forces prolétariennes, imposera et autorisera la fondation du
Parti Communiste Combattant, dont le grandiose rôle sera de mener le
prolétariat à sa dictature de classe.
10.
Le
saut qualitatif — et quantitatif, incontournablement
— que constitue, pour le mouvement de classe, la fondation légitime de
l’Organisation ne peut donc être que produit et reflet du développement
qualitatif — et quantitatif — de ses forces. Concrètement, cela se traduira sur
le terrain par une direction ouvrière marxiste-léniniste, l’organisation de
multiples cellules clandestines dans les usines, les services publics, les
bureaux de chômage, les comités militants contre la guerre, le monde syndical ( sa base ! ), etc.
Ce travail organisationnel sera — comme il l’est déjà pour
nous aujourd’hui — clandestin, mais il nous faut, ici, expliquer ce que nous
entendons par cette clandestinisation. Il s’agit
d’une clandestinité de masse au sein des masses. Il s’agit de la clandestinisation de l’activité révolutionnaire et non des
militants révolutionnaires. Les militants doivent rester au sein du monde du
travail, de l’univers social du prolétariat, mais doivent couvrir — avec
anticipation — leurs activités militantes au sein de l’Organisation d’une
discrétion imposée par le degré de répression que la bourgeoisie engage contre
le degré de développement révolutionnaire.
La répression menée par les mercenaires de la bourgeoisie
est inévitable quand l’Organisation prolétarienne développe une politique
vraiment révolutionnaire, c’est-à-dire s’organisant en fonction de la
destruction de l’État bourgeois et de la construction de l’État ouvrier, de la
destruction du mode de production capitaliste et de la construction du socialisme,
de l’anéantissement de l’armée bourgeoise et de l’autorité de l’Armée Rouge ... Tant la direction politique que la clandestinisation de masse imposent une discipline
collective rigoureuse et sans la moindre faille, ce qui heurtera plus d’un démocrate
ou d’un libertaire, mais qui indique objectivement la confiance et l’engagement
révolutionnaire sérieux.
11.
Par
quelles voies les avant-gardes révolutionnaires peuvent-elles remplir ce
travail politique et organisationnel — et ainsi prétendre à leur légitimité
dans cette responsabilité —, par quels chemins le mouvement de masse peut-il
s’homogénéiser et progresser dans l’optique révolutionnaire ? Nous devons, dès maintenant, mettre en avant les
options stratégiques fondamentales qui peuvent guider le mouvement de masse
sous la direction marxiste-léniniste. Pour les Cellules Communistes
Combattantes, l’analyse matérialiste historique impose, comme option
stratégique majeure et non-différable aujourd’hui, la
lutte armée, qui seule permettra le développement qualitatif et quantitatif du
combat de classe pour le communisme.
12.
Un
préalable de prudence est nécessaire quant à ce point. Si nous disons que la
lutte armée est l’option stratégique majeure aujourd’hui, quelle est notre
position quant aux autres formes de lutte développées par les travailleurs ? Nous répondons que tout ce qui contribue au
renforcement du processus révolutionnaire, à la pénétration croissante des
théories du socialisme scientifique dans le monde du travail, à l’unité sans
cesse plus combative du prolétariat ...
est correct, même si la forme de lutte n’est pas armée. Il ne s’agit
certainement pas pour nous de considérer le fusil comme un gage de correction,
mais l’exercice de la violence armée révolutionnaire comme particulièrement
adaptée et conséquente au combat pour le communisme aujourd’hui.
13.
Il
doit être clair que ce rôle de plus en plus central que joue la lutte armée
dans le processus révolutionnaire repose, dans sa qualité offensive, sur
l’évolution de plus en plus absolue de la dictature du capital qui a réduit bon
nombre de recettes de lutte « participative » à l’inutilité ou pire. « Aujourd’hui que le
capitalisme monopoliste triomphe, et que par sa mondialisation il fait de
l’impérialisme sa forme hégémonique du mode de production capitaliste, l’État
voit sa fusion avec le Capital s’accentuer, il devient fonction directe du
capital et celui-ci envahit la totalité des instances de la vie humaine ; cela porte comme conséquence une
extension maximale de l’aliénation et de la réification, ainsi qu’une fusion
grandissante de toutes les superstructures : appareils répressifs et de contrôle, culture, idéologie,
communication, morcellement/articulation des fonctions sociales. Ce qui fait
que toute participation, même tactique, au fonctionnement d’État par le biais
des institutions et des mécanismes « démocratiques » conduit au
renforcement de ce fonctionnement, donc au pouvoir de la bourgeoisie, et qu’il
devient totalement irréaliste — étant donné l’homogénéité et la puissance des
appareils idéologiques, politiques, militaires, économiques —, de penser
promouvoir une conscientisation des masses prolétaires en vue du renversement
du pouvoir d’État par les moyens traditionnels de la lutte politique pacifiste,
le pouvoir du Capital et de ses institutions étant beaucoup trop puissant pour
permettre d’envisager une concurrence parvenant à établir un équilibre du rapport
des forces dans ce domaine. » ( Collectif SUBVERSION, Revue n°1 : « Contre la
guerre impérialiste, vive la lutte armée pour le communisme » ).
14.
Une
des valeurs intrinsèques de l’action armée ( celle sur laquelle on s’arrête trop
souvent ) est qu’elle est destruction
immédiate, concrète, des instances de domination et de pouvoir bourgeois. Il
est vrai que la mise hors fonction de rouages essentiels du pouvoir bourgeois
permet clairement de tracer une ligne de démarcation bien nette entre l’ennemi
et nous.
15.
Mais
nous pensons qu’aujourd’hui une autre valeur est à mettre en avant. L’action
armée renforce et stimule la conscience de la classe ouvrière en ce qu’elle
peut être porteuse de victoires ( même
partielles ). Pour la première fois depuis trop
d’années, ce ne sont plus nous, travailleurs et militants qui en prenons plein
la gueule, mais bien la bourgeoisie qui subit défaite sur défaite. Même si l’on
peut penser que ces victoires sont éphémères dans les faits, après des années
de trahisons, de défaites, de « manifs » matraquées, de prison, d’occupations d’ateliers ou
d’usines sans espoir, de privations pendant les grèves où nous n’avons rien
gagné, et le tout sous le regard méprisant des princes qui gouvernent, la
moindre victoire compte, en ce qu’elle apprend comment elle fut gagnée, et
qu’elle ouvre la porte à des lendemains de combat victorieux.
16.
La
lutte armée pour le communisme est un vecteur de propagande particulièrement
efficace quand elle est menée correctement. Cette force réside dans ce qu’elle
porte de rupture avec le cirque démocratique dont la bourgeoisie rédige le
programme, dans ce qu’elle est destruction objective chez l’ennemi, dans ce
qu’elle témoigne la réalité, même encore limitée, de forces prolétariennes
organisées pour la lutte de classe, et dans ce qu’elle est irrécupérable par
les idéologues appointés de la bourgeoisie :
« les faits sont têtus ! »
17.
De
plus, la pratique de la lutte armée, en ce qu’elle est rupture révolutionnaire,
anticipe et prépare les phases futures du mouvement révolutionnaire, la guerre
civile, l’insurrection, pour la prise du pouvoir par le prolétariat et
l’élimination de la bourgeoisie et ses agents. Le mouvement de classe, trempé
dans la lutte de guérilla, arrivera aux échéances décisives de son histoire
avec l’expérience et l’organisation, les forces réelles de maturité politique,
organisationnelle, et même subjective absolument nécessaires.
18.
La
lutte armée pour le communisme permet enfin de démasquer par les faits tous les
traîtres au mouvement ouvrier, tous ceux qui ne manquent pas de rejoindre la
bourgeoisie et de dénoncer les révolutionnaires quand l’orage s’annonce ! La lutte armée a un
caractère d’anticipation concrète du pouvoir ouvrier, elle démasque les
politiques de kollaboration et d’intégration des
traîtres syndicaux et réformistes.
19.
Et
surtout, la lutte armée exprime la pratique d’un véritable Internationalisme
Prolétarien, car, à l’époque où le mode de production capitaliste a mondialisé
sa domination, à l’époque de l’impérialisme, une unité de plus en plus grande
s’impose entre les avant-gardes et les masses des pays dominés et des
métropoles. Cette unité, face à un ennemi commun, se réalise dans le combat
révolutionnaire et impose d’attaquer l’ennemi sur tous les fronts. À l’heure où
tant de peuples du monde combattent la bête les armes à la main, les
révolutionnaires dans les métropoles se doivent d’attaquer les arrières de la
machine impérialiste avec la même détermination.
20.
En
résumé, la lutte armée pour le communisme est : destruction dans le camp de la bourgeoisie, démonstration et confiance
dans la capacité de vaincre, instrument de propagande, révélation d’une
position et de la pratique objective de classe, possibilité de progrès,
d’évolution, perspectives pour le prolétariat, démarche internationaliste.
21.
Depuis
Marx et jusqu’à la fin de la seconde guerre, les communistes conséquents
défendaient la thèse de la prise du pouvoir par la classe ouvrière en un temps
très bref, sous la forme d’une insurrection. Le triomphe de la Révolution
d’Octobre à l’appui, cette thèse fut au centre de la conception de la Troisième
Internationale ( Komintern ), selon laquelle le rôle des Partis Communistes
était de développer une politique de conscientisation et d’organisation des
masses en fonction de cette échéance, et cela, légalement ou « paralégalement ».
La faillite des partis « communistes » organisés sur cette thèse nous oblige à voir pourquoi
les PCI, PCF, PCE, et les autres ont sombré, d’abord dans le révisionnisme,
ensuite dans le plus imbécile des réformismes pour se muer en partis
sociaux-démocrates.
Cette thèse tenant l’insurrection pour des jours meilleurs,
pour une échéance lointaine vis-à-vis de laquelle il fallait être « prêt » a, de
fil en aiguille, d’année en année, amené ces partis à la perdre de vue et à en
oublier la finalité de leur raison. L’hypertrophie du travail légal de « conscientisation »
a fini par recouvrir la totalité des activités de ces partis, les amenant,
poussés par un populisme anxieux, à ne plus se mouvoir que dans l’espace du
légalisme bourgeois, c’est-à-dire à participer activement à son équilibre.
Si, dès maintenant, on ne tient pas compte du but,
c’est-à-dire de la prise du pouvoir par le prolétariat dans un processus de
violence, et des échéances, si on ne tient pas compte de cela dans chacun de
nos gestes, alors, de fait, cette échéance recule.
Les « avant-gardes » de la classe ouvrière qui n’organisent pas tous leurs
efforts en vue de la prise du pouvoir par les masses et de l’exercice de la
violence révolutionnaire, deviennent rapidement des « arrières-gardes » sombrées dans le révisionnisme, le réformisme, la
trahison.
22.
Si,
politiquement, la conception limitée de la prise du pouvoir par l’insurrection,
et son report à une échéance de plus en plus lointaine et idéale a ouvert la
porte des partis ouvriers aux lignes bourgeoises et réformistes, aujourd’hui,
de plus, elle a perdu toute actualité du point de vue militaire. L’écrasante
puissance de l’impérialisme, son organisation politico-militaire transnationale
de contre-insurrection ( OTAN ), sa vigilance permanente contre les initiatives révolutionnaires à
travers la politique de « contre-révolution préventive », et l’impossibilité démontrée d’organiser un
travail révolutionnaire dans le cadre légal de la dictature bourgeoise,
obligent les communistes à réexaminer leurs options stratégiques.
Car s’il est vrai que la phase finale du processus de la
prise du pouvoir par la classe laborieuse reste l’insurrection violente de
masse, la stratégie guidant les avant-gardes et les forces révolutionnaires à
cette échéance ne peut pas être la seule préparation politique « légale » dans ce
but.
23.
Voilà
pourquoi, et dès maintenant, afin de fermer la porte au révisionnisme et à ses
trahisons, afin d’organiser concrètement ( politiquement et militairement ) les travailleurs pour la confrontation finale avec
les exploiteurs ( qui depuis des années s’équipent en
conséquence ), la lutte révolutionnaire en
général et la lutte armée en particulier doivent prendre la forme de la guerre
populaire prolongée.
24.
Guerre,
parce qu’il s’agit d’un rapport d’antagonisme total, sans aucun espace de
médiation, sans qu’il n’y ait rien à partager entre les belligérants. La guerre
des classes est un affrontement où l’existence d’une des parties dépend de la
mort de l’autre. Dans cette situation, la violence la plus radicale des
opprimés contre la bourgeoisie est l’expression de la plus grande humanité, la
violence des mercenaires du capital contre les opprimés est l’expression de la
plus grande bestialité, de la barbarie.
25.
Populaire,
parce qu’elle sera tendanciellement le fait de couches de plus en plus larges
du peuple. Cela pour deux raisons :
en premier lieu, parce que ce sont les masses qui décident de l’histoire et non
quelques groupes, même bien inspirés ;
le processus révolutionnaire doit être porté par le mouvement des masses, doit
traverser toutes les parties de la classe. En second lieu, car si la classe
ouvrière, et tout particulièrement les ouvriers concentrés dans les grandes
usines, est seule habilitée — de par sa place au sein de mode de production — à
mener à bien le processus révolutionnaire et la construction du socialisme,
c’est aujourd’hui la grande majorité du peuple qui, regroupée autour de la
classe ouvrière, a un intérêt objectif au renversement de la bourgeoisie.
26.
Prolongée,
car en effet, à partir de l’étincelle minoritaire, même si elle est bien
accueillie au sein des masses, de la guérilla révolutionnaire à l’insurrection
populaire, il y a un long chemin, un long processus qui sera fait de défaites
et de victoires. L’extrême développement du pouvoir des bourgeois et sa
puissance sur tous les plans, politique, militaire, idéologique, répressif, etc. dressent devant le mouvement révolutionnaire des montagnes
qu’il faudra déplacer et qui requerront de nombreux progrès, de nombreux
instruments qui restent encore aujourd’hui à construire ! Le processus de mobilisation et d’organisation
politique des masses travailleuses ne se fera pas en quelques jours !
27.
Comment
l’avant-garde politique révolutionnaire peut-elle mobiliser et organiser les
masses vers le processus de guerre populaire prolongée ? Nous avons déjà vu que les avant-gardes politiques
doivent, à tout moment, mettre l’accent sur la confrontation avec le pouvoir
bourgeois, et mobiliser les travailleurs sur ce terrain. Nous avons également
souligné l’adéquation de la pratique de lutte armée pour mener ce travail dans
la conjoncture actuelle. Au point de rencontre de ces deux observations se
trouve la tactique de la propagande armée. Qu’entendons-nous par ce terme ?
28.
Une
action de propagande armée a un objectif « démonstratif », cela dans un but politique. Elle exige une destruction
effective ( donc
non symbolique ) d’un rouage important du système
bourgeois ( ce rouage peut aussi bien être un
bâtiment, du matériel, des cadres responsables ... ) sélectionné en fonction des
secteurs de lutte que les masses se sont choisies, et en fonction des terrains
d’affrontement historiquement déterminants.
Cette attaque doit permettre un saut qualitatif dans le
processus de conscientisation et de mobilisation des travailleurs, cela en
élevant qualitativement le niveau de l’affrontement spontané, en unifiant les
divers combats dans une pratique offensive et globalisante.
29.
Seul
le développement de la pratique de propagande armée permettra aux mouvements
anti-austérité et anti-guerre de redémarrer sur des bases justes et offensives,
de critiquer les erreurs du passé, et de créer les instruments politiques et
pratiques nécessaires à cette relance. La pratique de la propagande armée,
telle que les Cellules Communistes Combattantes la mènent à travers nos
attaques contre le militarisme impérialiste et les responsables de la crise,
réalise l’unité de la classe ouvrière au sein d’une alternative nouvelle de
combat : la lutte armée pour le communisme.
30.
Afin
que la propagande armée atteigne tous les buts fixés, les Cellules ont choisi
un mode de fonctionnement ( non
exclusif, l’action du 1er mai en témoigne )
par campagne. Nous entendons par « campagne » une série d’opérations politico-militaires de
propagande armée définies autour d’un thème central. Nous partons d’une
contradiction réelle et concrète, pour réunir autour de son thème une série
d’interventions qui relieront tel ou tel aspect spécifique du secteur choisi et
la stratégie globale de lutte armée pour le communisme.
Ainsi, notre « première
campagne anti-impérialiste », axée sur la question de la guerre
impérialiste, liée à la question de l’implantation des missiles, s’est dirigée
contre les industries d’armements, les partis bourgeois gouvernementaux, l’OTAN
et l’ABL, et a pu tracer l’alternative politique
révolutionnaire : contre la guerre impérialiste, la
guerre civile !
De plus, le fonctionnement par « campagne »
permet de relier les aspects qui touchent directement au quotidien aux causes
plus globales qui sont en définitive déterminantes. La campagne autorise aussi
la démonstration de la puissance des principes tactiques de la guérilla, elle
met en œuvre des moyens très variés de lutte ( des jerrycans de mazout chez MAN à
la voiture piégée au SHAPE ) dont certains sont accessibles à
ceux qui ont la détermination politique de se battre. Il n’y a pas d’actions « hautes » ou « basses », il n’y
a que des actions correctes ou erronées !
31.
Il
faut démystifier le combat armé en général. C’est pour cela que nous avons
écrit le document « Réponses concrètes à des questions
concrètes », et nous espérons qu’il y
contribuera. Le problème de base est un problème politique, la décision de
mener les actions de guérilla ne peut se prendre que sur des bases politiques
claires et fermes, et alors les modalités techniques se résolvent selon les
besoins et selon les capacités de chacun.
Nous voulons rappeler, encore une fois, que notre première
tâche est l’agitation et la propagande, qu’il est seulement important de
véhiculer une ligne politique correcte, de l’ancrer profondément au sein des
masses et qu’elle y provoque un écho, avant de penser à désarticuler
effectivement l’ennemi.
Nous ne sommes pas au stade où la priorité est de mettre
hors combat le maximum de forces de la bourgeoisie ; aussi des actions de harcèlement peuvent-elles être
menées avec des moyens réduits, contre des objectifs périphériques, si ces
actions permettent une progression réelle du processus révolutionnaire.
32.
Assumer
une position objective d’avant-garde est une chose, réaliser l’ensemble des
possibilités offertes au mouvement révolutionnaire à partir de cette fonction,
en est une autre, mais quoi qu’il en soit, l’unique tâche à laquelle les
avant-gardes politiques doivent s’atteler est celle de faire progresser le
mouvement de masse sur la voie du processus révolutionnaire. Cela impose de ne
pas perdre de vue la liaison permanente entre les avant-gardes et les masses,
que chaque mouvement, chaque aspiration des masses se retrouvent dans la
politique d’avant-garde, et que celle-ci soit capable de restituer une
perspective globalisante, unificatrice de classe sur une ligne
marxiste-léniniste.
33.
Aujourd’hui,
les Cellules Communistes Combattantes sont une force encore trop faible, une
réalité sociale trop limitée que pour pouvoir appréhender la richesse du
mouvement de classe dans ce pays. Des luttes, de nombreuses luttes ouvrières et
militantes s’engagent chaque jour sans que nous puissions établir de liens
constructifs, politiques et organisationnels avec elles.
Il faut que tous les militants sincères assument eux-mêmes,
sur les lieux de travail, une ligne et une pratique révolutionnaires. Il faut
que dans chaque usine, dans chaque atelier, dans chaque lutte partielle, les
camarades qui savent que les syndicats et les partis réformistes trahissent
depuis toujours, s’engagent, sur une ligne marxiste-léniniste, à mener leur
combat dans la perspective de la guerre populaire prolongée. Alors, nous nous
rencontrerons, et de la force des luttes, de l’unification de mille Cellules
Communistes Combattantes pourra enfin naître l’Organisation Combattante des
Prolétaires. Mao Tsé-toung disait : « compter
sur ses propres forces », et c’est dans cette perspective
que la classe ouvrière, ses éléments d’avant-garde doivent aujourd’hui
s’organiser.
34.
Il
ne faut pas que le travail de propagande et d’agitation « classique »
en disparaisse pour autant, au contraire !
Ce travail légal est toujours à mener avec tout le sérieux nécessaire afin que,
tant que la bourgeoisie et ses flics nous laissent la moindre possibilité
d’expression publique, nous l’exploitions pour populariser un maximum nos positions
politiques. En cela, la lutte armée développée par l’Organisation de guérilla
et le travail légal de popularisation de la ligne politique révolutionnaire, du
marxisme-léninisme, sont en un étroit rapport dialectique.
Ces deux luttes sont liées politiquement en ce qu’elles
visent à la révolution sociale, elles doivent être à l’écoute l’une de l’autre,
se nourrissent et se renforcent mutuellement. Ce lien politique doit être
d’autant plus étroit qu’il est le seul qui peut lier l’espace d’agitation légal
et la guérilla révolutionnaire. Un lien organisationnel entre la légalité et
l’illégalité est hors de propos ... ce que
tout le monde comprend sans peine.
35.
Conclusions : en octobre 1984, les Cellules Communistes
Combattantes ont ouvert une alternative radicale et offensive, authentiquement
marxiste-léniniste, au sein de la guerre des classes. Dans une conjoncture
militante réformiste, enlisée dans les défaites et la désorientation organisée
par les directions infâmes des petits-bourgeois, nous avons bousculé les
traîtres et ouvert la voie pour que se réalisent les mouvements de masses
anti-austérité et anti-guerre. De ce petit pas que les Cellules ont fait, il faut
que les camarades sincères, les travailleurs combatifs fassent un pas de géant ! Et un pas de géant vers l’avant en suivant une ligne
politique et stratégique ML : « Il y a deux méthodes que nous, les communistes, devons appliquer dans
n’importe quel travail : l’une, c’est lier le
général avec le particulier ; l’autre, c’est lier
la direction avec les masses. » ( Mao Tsé-toung : « A propos des méthodes de direction » ). Cela
est très simple à comprendre, il faut partir des situations concrètes et des
luttes partielles ( grèves,
occupations, revendications militantes ... ) pour les élever à l’ensemble du problème, à la
question du renversement de la dictature bourgeoise et du mode de production
capitaliste, en ouvrant une alternative globale et historique capable d’y
répondre. Ainsi s’impose de placer le marxisme-léninisme à la tête du mouvement
de classe, en tant que ligne politique globale, en tant qu’arme concrétisée par
la pratique des avant-gardes communistes organisées.
CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !
CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE !
Organisons-nous et frappons sans relâche !
EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE
DES PROLÉTAIRES !
EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !
TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !
Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation Combattante des Prolétaires