Collectif des prisonnièr(e)s des
Cellules Communistes Combattantes
Déclaration d’ouverture de la grève
de la faim, 9 mai 1986
Le mercredi 7 mai 1986, comme chaque mois depuis nos
arrestations, quelques agents de la bourgeoisie se sont réunis à la prison pour
se conforter dans la nécessité de notre emprisonnement. Ces agents appointés
divers de l'État, juges, juge d'instruction, procureur, plus quelques autres en
armes appellent leur petit complot « comparution
en Chambre du conseil » et nous proposent d'y collaborer
afin de légitimer leurs intrigues, afin de nous faire cautionner leurs infâmes
manigances.
Nous, révolutionnaires, militants des Cellules Communistes
Combattantes, ne comparaissons pas à cette Chambre du conseil car nous n'avons
rien à y faire, car nous ne reconnaissons aucun droit à la bourgeoisie de nous
juger et qu'au contraire même, c'est nous qui la condamnons comme une classe
parasite dont la seule existence est un crime contre l'humanité, dont le règne
est celui de la barbarie.
Si nous avons des comptes à rendre, ce n'est que vis-à-vis
de la classe ouvrière, de ses avant-gardes combattantes, de ses organisations
œuvrant dans le cadre des intérêts prolétariens historiques, et à personne
d'autre. Donc, de la même façon que nous refusons de collaborer aux
investigations policières, nous refusons, ce mois-ci comme les derniers mois,
de collaborer aux procédures de la justice de classe, quelles qu'elles soient,
et nous affirmons par là notre continuité d'engagement dans la pratique
révolutionnaire.
La bourgeoisie et ses matraqueurs idéologiques, les médias
démocrates, si prompts à nous bassiner de l'anticommunisme reaganien à coup
d'aventures héroïques de curés polonais, de féodaux afghans, ou de pilotes de F-111
infanticides, ont fait le silence quant à notre refus de comparaître. Si infime
soit-il, notre refus est dangereux, son message est trop clair, il ne peut être
déformé, exploité ou manipulé. Ce refus est la dénonciation de la Justice comme
instrument de domination de classe, et l'attitude de la bourgeoisie face à ce
refus indique la peur des exploiteurs et de leurs agents d'être dénoncés,
montre leurs craintes et leur vulnérabilité devant la vérité révolutionnaire.
Les agents de l'État bourgeois réunis à la prison de Forest
ne pourront pas tenir leur sale complot dans l'ombre. Faire taire la vérité révolutionnaire est impossible.
Du fond de nos « sections
de surveillance spéciale » à Saint-Gilles et à Forest, nous,
militants et militante des Cellules Communistes Combattantes, nous adressons aux
travailleurs, aux travailleuses, aux camarades. Nous dénonçons la volonté et
les plans de la bourgeoisie pour nous enterrer vivants tant elle craint
l'espoir de notre combat, tant elle redoute l'organisation révolutionnaire des
exploités, tant elle sait que notre discours est celui de l'émancipation du
prolétariat. Mais avec la même détermination que celle de notre engagement au
sein des Cellules, nous affirmons que même ici et désarmés, nous ne trahirons
pas la cause de la révolution, nous nous battrons pour briser les murs
d'isolement et de silence entre lesquels les flics veulent nous étouffer.
Ce vendredi 9 mai 1986,
nous commençons une grève de la faim collective et dénonçons les plans criminels de
la démocratie bourgeoise contre les militants communistes.
De plus en plus de travailleurs savent maintenant que la
démocratie n'est que le masque hypocrite et hideux de la dictature du Capital,
la démocratie de l'exploitation du Travail et de la misère sociale, la
démocratie du pillage du tiers-monde et de la guerre impérialiste, et contre
nous maintenant : la démocratie de la contre-révolution préventive.
Dès l'apparition du combat des Cellules Communistes
Combattantes comme avant-garde politique sur le front de la lutte des classes,
la bourgeoisie et la petite bourgeoisie de « la
gauche » se sont déchaînées, avec tant de
haine que de peur, contre notre lutte et sa finalité : la
révolution communiste.
Bien plus que nos faibles actions de partisans, elles
craignent par-dessus tout l'écho mobilisateur de la pratique et la pénétration
dans le monde du Travail de notre direction politique : le Marxisme-Léninisme.
Que quelques camarades soient arrêtés ne peut suffire à apaiser
les craintes de la FEB, de Martens VI, de l'OTAN, du PS ou du PTB, car
leur angoisse commune est qu'ils savent très bien que la ligne révolutionnaire
des Cellules est semée dans l'histoire de ce pays, qu'elle est porteuse des
réponses aux questions historiques de la classe et qu'elle annonce les moissons
de demain. Voilà pourquoi, non contente de nous enfermer au plus profond de ses
geôles, la démocratie — c'est-à-dire la complicité des capitalistes exploitant
le monde du Travail et des petits-bourgeois le pacifiant par leurs encadrements
réformistes ( « la paix sociale »,
« la conciliation » ... ) — exige de nous que nous détruisions ce que nous
avons construit, que nous trahissions notre identité, notre conscience et nos
devoirs de communistes : notre fidélité à la cause des
peuples. Le combat des Cellules Communistes Combattantes porte l'Espoir, et les
flics enragent maintenant pour que nous collaborions à sa stérilisation. Nous
sommes approchés par la police pour renier et diffamer le combat des Cellules
et le Marxisme-Léninisme en échange de promesses « d'arrangements ».
Ces abjectes propositions reflètent le fond de la morale bourgeoise qui croit
que tout s'achète et que le monde entier est à l'image de sa veulerie. Et comme
nous avons répondu par le mépris à ces manigances policières, la « démocratie »
jette alors son masque : nous devons disparaître dans
l'isolement carcéral total.
Puisque nous
continuons à affirmer notre confiance dans la classe ouvrière et son devenir
historique, nous devons être bâillonnés.
Puisque nous ne
désertons pas nos tâches d'agitation politique pour l'organisation
révolutionnaire des exploités — Que mille Cellules naissent ! — nous devons être isolés.
Puisque nous refusons
d'abjurer la dignité et la liberté que nous avons découvertes et conquises dans
et par la pratique révolutionnaire, nous devons être détruits.
C'est notre quotidien ici, dans les geôles de la démocratie
impérialiste. Nous ne pouvons rien faire, rien dire, rien savoir, nous devons
végéter, coupés du monde, dans nos cuves de quelques mètres carrés. À partir de
ces conditions, les flics rêvent de pouvoir exhiber quatre militants brisés au
cours de « procès spectacle » à la gloire de leur système pourri.
Mais cela ne sera, car nous ferons tous ensemble reculer ces
projets sordides. Nos procès seront ceux des crimes de l'impérialisme ici comme
partout dans le monde, et cela malgré toutes les tentatives de manipulation,
toutes les diffamations que la bourgeoisie répand sur la lutte révolutionnaire.
Ce n'est pas parce que nous sommes dangereux militairement, ni parce que nous
risquerions l'évasion que la justice de classe nous impose de telles conditions
de détention. Non. C'est parce que la justesse de notre ligne politique menace
directement l'hégémonie bourgeoise et que celle-ci, par tous les moyens, va
tenter d'écraser la potentialité révolutionnaire à travers nous.
Aujourd'hui comme hier, la bourgeoisie et ses complices de
gauche emprisonnent et assassinent les combattants communistes, demain comme
hier, ils enverront leur armée contre les grèves et les insurrections
prolétariennes ... et pour finir ils ramèneront ici
la guerre que, depuis un demi-siècle, ils mènent contre les peuples du monde.
Ainsi les mots retrouvent leur véritable sens. Marx faisait
remarquer que la bourgeoisie doit mettre le monde à l'envers pour justifier ses
crimes. Ainsi, en système capitaliste, un travailleur qui doit vendre sa force
de travail pour survivre est appelé un « demandeur
d'emploi » !
Et le patron qui vit en parasite sur cette exploitation lui « offre » du
travail ! En système capitaliste, l'espoir
et la pratique prolétarienne contre une petite clique d'industriels et de
banquiers s'appellent « le terrorisme contre la démocratie » ! Sur nos
mandats d'arrêt, les flics déclarent que nous présentons « un danger pour la sécurité publique » ... Pour
les travailleurs et les travailleuses ?
Pour un million de sans-travail ? Pour un
milliard de sous-alimentés ? Pour ceux qui, à l'ombre de la
Société Générale ou des autres banques que nous avons attaquées, n'ont plus que
des chauffoirs publics et la charité populaire pour ne pas crever comme des
chiens ? Pour les masses d'Afrique du Sud
écrasées par l'impérialisme mondial ?
Pour les mineurs du Limbourg ou les métallos carolos ? Pour l'immigré et son lot quotidien d'insultes et
de mépris ? Pour ceux et celles qui étouffent
de désespoir et se tuent à l'alcool, aux tranquillisants, à l'héroïne ? Pour tous ceux-là et pour tous les autres exploités
et massacrés au nom du profit ?
Non, pour tous ceux-là, la lutte révolutionnaire ne peut
être que l'espoir d'un monde nouveau. Ce n'est pas pour eux que nous présentons
un danger, mais bien pour Martens VI, l'OTAN, les banques. Le rôle de la
justice de classe est de cautionner le discours de la bourgeoisie qui, mettant
le monde à l'envers, veut nous faire confondre la chose publique et les coffres
de la Société Générale, les intérêts du monde du Travail et l'exploitation de
celui-ci pour la rentabilisation du Capital !
Voilà la vérité révolutionnaire pour laquelle combattent les
Cellules Communistes Combattantes !
C'est cette parole-là, si évidente et si forte quand elle vient de la pratique,
que la bourgeoisie veut encager avec nous dans les prisons. Mais nous ne nous
tairons pas. Jamais ! Nous revendiquons de pouvoir correspondre entre nous
et avec l'extérieur, recevoir, conserver ou échanger librement tous les livres,
documents, journaux, etc. que nous jugeons
nécessaires à notre activité politique, nous revendiquons la restitution de nos
radios et l'accès à l'information télévisée, des permis de visites extrafamiliaux,
huit heures de rencontre quotidienne de travail entre les quatre prisonniers
politiques, la restitution et le port de vêtements civils.
Ce sont là les conditions minimales nécessaires pour
l'activité politique à laquelle nous ne renoncerons pas. Nous nous battrons pour leur obtention non pas en faisant appel
à quelque convention hypocrite que ce soit. Chaque jour qui passe illustre bien
l'artificialité des « droits de l'homme », « droits
démocratiques » et autres « liberté d'expression » qu'il vaudrait bien mieux traduire par : droits du Capital, droits de l'exploitation et liberté de ronchonner
sans menacer l'ordre bourgeois ! Nous nous battrons avec, comme légitimité, le mouvement
historique de la libération du monde du Travail, comme droit, celui de la
guerre de classe.
Le combat ne s'arrête
jamais.
Contre le capitalisme
et sa crise, la guerre civile !
En avant vers la
construction de l'organisation combattante des prolétaires !
En avant vers la révolution communiste !
Tout le pouvoir aux travailleurs !
Pascale Vandegeerde, Bertrand Sassoye, Didier Chevolet, Pierre Carette