Préface
16 décembre 1985, fin d'après-midi. Un seul titre
occupe toute la presse : quatre militants des Cellules
Communistes Combattantes viennent d'être arrêtés à Namur. Ce sont Bertrand
Sassoye, Pascale Vandegeerde, Pierre Carette et Didier Chevolet. L'avenir
révèlera que ces arrestations et d'autres succès policiers portaient un coup
décisif à la lutte révolutionnaire entreprise quatorze mois plus tôt.
Ceux qui ont vingt ans aujourd'hui étaient encore des
enfants quand les actions de propagande armée des Cellules frappaient durement
les intérêts capitalistes et impérialistes dans le pays. Et ceux qui sont plus
âgés ont entendu trop de mensonges sur ce combat, trop de calomnies contre ceux
qui l'ont mené.
Aujourd'hui, il y a quelque chose de très vivace. C'est que
la réalité du quotidien, ici et ailleurs, ramène sans cesse à la question posée
par les Cellules Communistes Combattantes, à la question de la nécessité et de
la possibilité d'une alternative au règne du capitalisme, de l'exploitation et
de l'injustice.
Pour beaucoup reste cette image forte : les Cellules n'ont pas reculé devant la question et
ses implications. Elles ont traduit dans la pratique, avec courage, ce qu'elles
estimaient être leur devoir révolutionnaire. Dans cette image, le collectif des
prisonniers a aussi sa place. Durant trois années, les militants ont connu des
conditions de détention dénoncées comme torture par les grandes organisations
de défense des droits de l'Homme. Ils ont été condamnés aux travaux forcés à
perpétuité à l'issue d'un procès scandaleux. Mais forts de leur unité, jamais
ils n'ont courbé la tête, jamais ils n'ont renié leur engagement. Ils sont
restés fidèles à la cause du prolétariat, à l'idéal communiste.
Le 16 décembre 1995, les prisonniers ont achevé
leur dixième année de prison. Depuis lors, selon la loi, ils sont libérables.
Leur maintien en détention n'est plus rien d'autre qu'une
décision politique du ministre de la Justice.
Liberté pour les camarades des Cellules Communistes
Combattantes !
Nous appelons à une mobilisation large, décidée, soutenue,
pour gagner ces libérations. Nous savons d'expérience que cette lutte ne sera
pas facile. Elle sera longue et ardue, justement parce que son enjeu et sa
signification sont d'importance. Mais nous sommes déjà convaincus qu'elle sera
victorieuse.
Nous avons réalisé cette petite brochure au service de la
mobilisation. Elle récapitule le plus simple de l'information : des dates et des faits, mais d'une façon assez
complète. Elle s'attache spécifiquement à la période du procès et de la seconde
grève de la faim. Il y a deux raisons à cela. Primo, l'aspect politique de la
lutte des Cellules Communistes Combattantes n'est pas vraiment du domaine de
notre association. Ceux qui s'y intéressent trouveront ce qu'ils cherchent dans
les éditions politiques appropriées ou auprès des prisonniers. Secundo, le
procès et la lutte contre l'isolement dénoncent particulièrement l'hypocrisie
du système, les mauvais coups des autorités. De ces mêmes autorités qui
repousseront sans cesse les libérations en invoquant un cadre juridico-démocratique
qu'elles ont pourtant piétiné furieusement lors du procès !
Les prisonniers des Cellules doivent être libérés ! Cela concerne tous les militants communistes, bien
sûr, mais plus largement tous les progressistes sincères, tous ceux et celles
qui sont attachés aux libertés démocratiques et à la lutte contre l'injustice.
Les camarades doivent être libérés ! Notre association se mobilise désormais pour cet
objectif principal. Elle ne relâchera pas son effort tant qu'un seul restera en
prison. Rejoignez notre lutte ! Relayez
l'information ! Participez à l'agitation ! Que la répression recule devant la solidarité avec
les combattants révolutionnaires !
L'Association des Parents et Amis des Prisonnièr(e)s Communistes,
été 1996.
[ À sa propre demande, la mobilisation pour la
libération des prisonniers des Cellules Communistes Combattantes ne concerne
pas Didier Chevolet, une rupture étant intervenue entre lui et ses anciens
camarades. ]
Rappel des principaux événements
antérieurs
1983
Amorce d'un processus de réflexion politique et
d'accumulation de forces en vue de l'ouverture d'une pratique révolutionnaire
communiste en Belgique.
12 mai 1984
Attaque de la caserne à Vielsalm par des combattants
révolutionnaires internationalistes. De nombreuses armes sont saisies.
2 juin 1984
Attaque du dépôt d'explosifs de la carrière de Scoufflény.
Huit cent seize kilos d'explosifs divers sont saisis.
2 octobre 1984 — 15 janvier 1985
Les Cellules Communistes Combattantes apparaissent
publiquement à travers la « Première
campagne anti-impérialiste d'Octobre ».
Huit actions de propagande armée se succèdent contre des
objectifs économiques, politiques et militaires de l'impérialisme. Par exemple,
la multinationale US Honeywell, le secrétariat du premier ministre Wilfried
Martens, le réseau des oléoducs de l'OTAN, etc.
À l'occasion de leurs actions, les Cellules diffusent
systématiquement des communiqués politiques. Tous les communiqués de 1984 et
1985, constituant l'ensemble de la production politique et théorique des
Cellules, ont été rassemblés dans le livre « Textes
de lutte » publié en 1988.
19 octobre 1984
Importante initiative policière connue sous le nom de « Opération mammouth ».
Une centaine de perquisitions ont lieu tous azimuts. Le lundi 5 novembre,
un avis de recherche est lancé contre Pierre Carette.
20 et 21 avril 1985
Deux attentats ont lieu à Bruxelles. Ils sont revendiqués un
peu plus tard par un « Front Révolutionnaire d'Action
Prolétarienne » ( « FRAP » ). La vérité sur ce « FRAP »
apparaîtra dans les mois et les années qui suivent.
Il s'agit d'une provocation montée par quelques libertaires
avec la complicité du groupe français Action Directe. Les premiers y trouvent
l'occasion de répandre leur anticommunisme et le second de gonfler
artificiellement son « Front de la guérilla
ouest-européenne ». Deux personnes seront arrêtées
dans le cadre du « FRAP » : Chantal Paternostre et Luc Van Acker.
Elles renieront leur aventure et collaboreront avec la justice lors du procès
contre les militants des Cellules Communistes Combattantes.
Pour plus de précisions sur cette histoire et ses repentis
lamentables, voir : « Le "FRAP", provocation et repentir », « Dénonciation
de l'amalgame » et la question n° 57 de « La
Flèche et la Cible ».
1er mai 1985
À l'occasion de la Fête du Travail, les Cellules attaquent
le quartier général du patronat, la Fédération des Entreprises de Belgique ( FEB ), à
Bruxelles. La défection de la gendarmerie et un tragique concours de
circonstances sont à l'origine de la mort de deux pompiers. Le 6 mai, les
Cellules attaquent la gendarmerie, en représailles.
8 octobre — 5 novembre 1985
« Campagne Karl Marx ». Les Cellules attaquent successivement des
bâtiments d'Intercom, de Fabrimétal, de l'Office des contributions et de quatre
grandes banques ( BBL, SGB, MHB et KB ). Cette campagne restera inachevée après les
arrestations de décembre.
19 octobre — 6 décembre 1985
« Campagne Pierre Akkerman, Combattre
le militarisme bourgeois et le pacifisme petit-bourgeois ». Les Cellules attaquent des objectifs économiques
et militaires de l'impérialisme, et la direction petite-bourgeoise du mouvement
pacifiste. La campagne se clôture par une double action contre le réseau des
oléoducs de l'OTAN, menée de concert avec un groupe de révolutionnaires
internationalistes en France.
16 décembre 1985
Pascale Vandegeerde, Bertrand Sassoye, Didier Chevolet et
Pierre Carette, quatre militants de l'organisation, sont arrêtés dans
l'après-midi à Namur. En début de soirée, ils sont transférés par l'ESI à
Bruxelles. Le lendemain, Pascale et Bertrand sont écroués à la prison de
Forest, Pierre et Didier à la prison de Saint-Gilles.
D'emblée, les prisonniers sont soumis à un isolement
complet. Seuls 24 h sur 24, sans radio, ni courrier, ni visite, sans même la
possibilité de parler aux gardiens :
ceux-ci ont reçu l'ordre de se taire. Les mesures de sécurité sont renforcées : grillages et verrous supplémentaires, et même
soudure du guichet des portes ! Un poste
de surveillance est établi devant les cellules : un gardien espionne en permanence et consigne ses observations dans un
registre. Les fouilles sont incessantes.
Fin décembre 1985
Fondation de l'Association des Parents et Amis des
Prisonnièr(e)s Communistes, l'APAPC. L'Association a pour but de défendre les
droits les plus larges des prisonniers révolutionnaires. Mais elle ne prend pas
pour autant position vis-à-vis de la ligne politique, des conceptions
stratégiques des Cellules Communistes Combattantes. Voir à ce propos la
plate-forme de l'APAPC.
Janvier 1986
Les prisonniers diffusent un communiqué politique intitulé « Sur les arrestations ».
Notons qu'à ce moment-là les quatre camarades se considèrent
toujours militants des Cellules Communistes Combattantes — bien que
prisonniers. Ils considèrent aussi que leur organisation continue à exister
malgré leurs arrestations. Ils défendront cette position et ce point de vue
jusqu'à la fin des années 1980. Au début des années 1990, ils prendront acte de
la disparition de l'organisation dans laquelle ils ont combattu en 1984 et 1985.
Ils se présenteront dès lors comme Collectif des Prisonnièr(e)s des Cellules
Communistes Combattantes.
9 mai 1986
Ouverture de la première grève de la faim collective pour la
transformation des conditions de détention. L'APAPC diffuse deux communiqués où
les camarades présentent leur lutte. La grève dure quarante-trois jours. Elle
est suspendue après que le ministère se soit engagé à débloquer le courrier, à
autoriser des visites, etc. Mais dans les faits, ces engagements ne
seront quasi pas tenus. L'isolement continuera.
À l'occasion de la grève de la faim de 1988, l'APAPC
récapitulera dans un document l'expérience de la grève de 1986.
Automne 1986
Les prisonniers lancent un appel à l'ouverture de
correspondances politiques avec eux. L'APAPC le diffuse massivement. En
plusieurs mois, près de cinquante mille tracts sont distribués devant des
usines, lors de manifestations, etc. Sans ignorer les manigances
policières, le résultat sera malgré tout décevant.
25 avril 1987
Le journal « Le Peuple » publie une première interview des quatre militants.
7 septembre 1987
Depuis quelques jours, des mouvements de révolte des
prisonniers sociaux secouent la prison de Forest. Inquiètes, les autorités
décident le déplacement de Bertrand Sassoye à Saint-Gilles ( Pascale Vandegeerde reste à Forest, le quartier des
femmes n'étant pas touché par l'agitation ).
L'émeute éclate à Saint-Gilles le lendemain de l'arrivée de Bertrand ! Les retrouvailles de Didier, Bertrand et Pierre ont
donc lieu dans la prison en flammes. Hélas !
elles sont brèves. L'émeute est réprimée dans la soirée et les camarades se retrouvent
dans les cachots du Palais de Justice. Ils seront rapidement transférés à la
prison de Malines.
Eté 1988
Les trois militants sont ramenés à Bruxelles, le procès est
prévu pour la rentrée.
1988, la bataille du procès
1er juillet
Réunion de la Chambre des mises en accusation, la
juridiction statuant sur un renvoi en Cour d'assises. Cette audience fait suite
aux décisions prises le 3 mai par la Chambre du conseil, parmi lesquelles
l'amalgame entre les quatre militants des Cellules Communistes Combattantes et
les deux repentis du « FRAP ».
Notons que le renvoi devant les Assises est examiné et
décidé par les très indépendantes institutions de la Justice durant l'été 1988.
Or, la transformation de la salle d'Assises en vue de ce — seul — procès ( installation d'un box blindé pour isoler les
prisonniers, d'une séparation entre la salle et le tribunal, etc., le tout pour
cinquante millions de francs ) a été
entreprise sur ordre ministériel au début 1987 !
L'amalgame entre les militants des Cellules et les repentis
du « FRAP » est particulièrement perfide. Les Cellules Communistes Combattantes et
ce « FRAP » sont pleinement étrangers ( l'enquête
policière le met d'ailleurs en évidence )
et sont même des ennemis politiques. L'amalgame est une manœuvre du pouvoir : elle tend à dépolitiser la lutte des Cellules en l'associant
à l'aventure « FRAP », c'est-à-dire en mettant l'accent sur le dénominateur commun d'une
infraction pénale similaire. De plus, l'amalgame garantit aux autorités la
présence de deux précieux collaborateurs sur la scène du procès. Comment la
farce pourrait-elle se jouer autrement ?
L'audience de la Chambre des mises en accusation, tout comme
les réunions mensuelles de la Chambre du conseil ( qui « débattait » notamment du prolongement de la détention
préventive ) est boycottée par les quatre
camarades. Une attitude qu'ils expliquaient ainsi dès mai 1986 : « Nous,
révolutionnaires, militants des Cellules Communistes Combattantes, ne comparaîtrons
pas à cette Chambre du conseil car nous n'avons rien à y faire, car nous ne
reconnaissons aucun droit à la bourgeoisie de nous juger et qu'au contraire
même, c'est nous qui la condamnons comme une classe parasite dont la seule
existence est un crime contre l'humanité, dont le règne est celui de la
barbarie. Si nous avons des comptes à rendre, ce n'est que vis-à-vis de la
classe ouvrière, de ses avant-gardes combattantes, de ses organisations œuvrant
dans le cadre des intérêts prolétariens historiques, et à personne d'autre.
Donc, de la même façon que nous refusons de collaborer aux investigations
policières, nous refusons, ce mois-ci comme tous les derniers mois, de collaborer
aux procédures de la justice de classe, quelles qu'elles soient, et nous
affirmons par là notre continuité d'engagement dans la pratique
révolutionnaire. »
11 août
Depuis la confirmation du renvoi le 1er juillet par la
Chambre des mises en accusation, la situation des prisonniers relève
administrativement de l'autorité du juge désigné président de la Cour d'assises : Jos Durant. Celui-ci commence par renforcer
l'isolement des camarades en interdisant leur rencontre lors de la lecture du
dossier de l'instruction. Cette initiative annonce clairement la façon dont il
conçoit son rôle au procès : acteur principal du camp policier.
2 septembre
Début de la seconde grève de la faim collective. Elle sera
échelonnée et est entamée par Didier Chevolet. L'APAPC donne une conférence de
presse et présente les revendications des grévistes : libre correspondance, permis de visite, réunions de
travail régulières entre les quatre camarades, etc. En gros, il s'agit
des mêmes revendications qu'au printemps 1986.
Les militants s'adressent aussi aux prisonniers sociaux de
Forest et Saint-Gilles, un communiqué sera lu lors d'une émission de radio
libre destinée aux détenus bruxellois, « Passe
Muraille ».
9 septembre
Pascale Vandegeerde entre à son tour en grève de la faim.
L'APAPC diffuse la déclaration de lutte des prisonniers sous forme de tract, à
des milliers d'exemplaires. Elle organise un soutien actif. Le collectif « Classe contre classe ! » distribue massivement un tract de
solidarité politique devant de nombreuses usines.
12 septembre
Durant, qui s'était fait remarquer d'emblée en renforçant
l'isolement des prisonniers, craint à présent que la grève de la faim perturbe
le rituel du procès. Il espère désamorcer le conflit en permettant aux quatre
camarades de se rencontrer en présence de leurs avocats, une décision qu'il
impose au ministère et à l'administration pénitentiaire. Une première réunion a
lieu à la prison de Forest, d'autres suivront.
16 septembre
Pierre Carette s'inscrit à son tour dans le mouvement de
grève. Dans un communiqué, l'APAPC explique en quoi la manœuvre de Durant ne
peut suffire à arrêter la grève. Elle ne répond qu'à une seule revendication,
de façon incomplète et pour une période limitée. Le procès achevé, les
prisonniers repasseront sous l'autorité du ministère qui imposera à nouveau
l'isolement.
20 septembre
La Commune Karl Marx des prisonniers du Parti Communiste
d'Espagne ( reconstitué ) et des Groupes Révolutionnaires Antifascistes du
Premier Octobre ( GRAPO ) de la prison de Soria, rend public un communiqué où elle dénonce les
attaques incessantes contre les prisonniers révolutionnaires en Europe et elle
appelle à la solidarité avec la grève de la faim.
Dans les journaux, à la radio et à la télévision, des
campagnes manipulatrices, hystériques et haineuses, s'amorcent en vue du
procès. Elles reprennent la plupart du temps et mot pour mot les mensonges et
tromperies concoctés par le procureur dans son « acte d'accusation ». Il s'agit de préparer
psychologiquement la conscience sociale au procès et à son verdict inévitable.
Ces campagnes malsaines perdureront jusqu'au moment où, au cours des audiences,
la malfaisance de l'accusation sera publiquement démontrée. Mais bien entendu,
c'est le silence et non la rectification qui sera alors de mise dans les
médias.
23 septembre
Bertrand Sassoye est le dernier à rejoindre la grève de la
faim collective. Didier en est au vingt-deuxième jour, Pascale au quinzième et
Pierre au huitième.
Le journal « Le Peuple » publie une nouvelle interview des quatre militants.
Ils y dénoncent entre autres les manœuvres du pouvoir judiciaire ( amalgame, manipulations, etc. ), leur caractère essentiellement politique, leurs
tenants et aboutissants. Notons que les analyses présentes dans cette interview
réalisée avant le procès trouveront une confirmation éclatante dans les
semaines suivantes.
26 septembre
Premier jour du procès. Il s'ouvre par un incident entre
Durant et les militants. Lors de l'interrogatoire d'identité, ces derniers se présentent
collectivement comme « militants et militante des Cellules
Communistes Combattantes » et refusent de se lever en
l'honneur de la cour. Les repentis du « FRAP » font d'entrée la différence.
L'audience est principalement consacrée à la formation du
jury. À cette occasion, l'accusation et la défense peuvent récuser, sans avoir
à se justifier, un certain nombre de jurés proposés. Fidèles à leur refus de
toute collaboration au processus judiciaire, les quatre camarades ignorent
cette combine. Les repentis du « FRAP » s'en remettent à leurs défenseurs pour l'exploiter.
Mais c'est le procureur, Jean-Pierre Jaspar, qui crée
l'événement. Il récuse systématiquement les jurés proposés qui appartiennent à
la classe ouvrière ! La manœuvre et son enjeu
n'échappent à personne, les journalistes sont hilares sur leur banc … et le fait est soigneusement passé sous silence
dans la presse du lendemain.
Le reste de la journée est consacré à la lecture de l'acte
d'accusation, un document truffé de mensonges et de manipulations qui seront
dénoncés les jours suivants.
27 septembre
Les quatre camarades lisent leurs « Déclarations liminaires ». La première dénonce l'amalgame fait entre la lutte et les militants
des Cellules Communistes Combattantes et l'aventure et les repentis du « FRAP ». La
deuxième expose les raisons et les revendications de la grève de la faim. La
troisième rétablit une vérité sur l'idéologie des communistes : ils s'attaquent aux ennemis du peuple, pas au
peuple. Contrairement aux bruits répandus par les autorités politiques et
judiciaires, les prisonniers n'ont pas l'intention d'appeler à des représailles
contre les jurés. La quatrième et dernière expose à grands traits la position
des quatre vis-à-vis de la justice en général et du procès en particulier.
Ils établissent que le procès n'est rien d'autre qu'une
attaque contre leur organisation et le mouvement révolutionnaire. Ils dénient
au tribunal tout droit de leur demander des comptes, ne reconnaissent aucune
culpabilité à la chose incriminée — à savoir l'activité communiste —
mais revendiquent au contraire sa nécessité et sa grandeur. Ils en tirent la
conclusion qu'ils n'ont pas à se « défendre » ni à « être
défendus » dans le cadre du procès. Ils
achèvent donc leur intervention en demandant à leurs avocats de se retirer
immédiatement. Le président du tribunal ne leur en laisse pas le temps. Il
rappelle qu'il les a commis d'office dès août et qu'ils sont tenus à leur rôle ( signalons que la loi impose la présence d'avocats en
Assises ). Suit alors une longue suspension
d'audience durant laquelle une discussion se tient en Chambre du conseil, le
bâtonnier est appelé à la rescousse pour avis technique, etc.
Quand l'audience reprend, les avocats présentent leur
position. En substance : « Les accusés vous ont expliqué combien ils dénoncent la loi et la
Justice. Si l'avocat est bien l'acteur, le symbole de la défense dans un
procès, il est logique que ces accusés ne veuillent pas de leurs avocats à
l'audience. C'est une expression de leur droit à la défense. Nous avons à
respecter leur choix. Mais le président a pris une ordonnance nous enjoignant
de rester. Nous sommes opposés à cette décision. Elle nous oblige cependant à
rester pendant toute la durée du procès. Dès lors, pour nous y conformer tout
en ne trahissant pas la volonté des accusés, nous organiserons la présence
voulue, mais nous nous tairons. Nous ne servirons pas ce procès, mais nous
serons là, à notre place, à côté des accusés. » À partir de là les avocats s'abstiendront de toute participation et
assumeront la présence minimale obligée, à tour de rôle.
L'audience s'achève sur une intervention de la défense de la
repentie Paternostre. Elle demande notamment le démantèlement du box en verre
blindé où les prisonniers sont confinés, arguant qu'un tel dispositif ne
respecte pas la « présomption d'innocence ». Rappelons que le dispositif en question a été
construit exclusivement contre les militants des Cellules. Certes, à l'origine,
il fut justifié par la proximité de divers procès dits « à hauts risques »,
mais on ne se dépêcha de l'achever que pour le procès contre les camarades et
on le démantèlera progressivement une fois ceux-ci condamnés. Le but du pouvoir
derrière cet artifice était clair :
il fallait répandre l'idée de la dangerosité sociale des révolutionnaires,
créer un climat de menace et d'insécurité, et aussi contrôler l'expression des
prisonniers ( ils ne purent se faire entendre qu'à
travers un système de sonorisation que Durant ouvrait ou fermait au gré de sa
censure ).
28 septembre
Durant annonce que le box blindé restera en place. Puis il
tente — sans succès — d'ouvrir un « dialogue » avec les militants des Cellules. À ce stade, les
camarades n'ont pourtant rien à ajouter à leurs déclarations liminaires. Durant
a plus de chance avec les repentis du « FRAP ». Paternostre est toute émotion pour clamer son
innocence et Van Acker toute humilité pour avouer une partie des faits qui lui
sont reprochés.
L'audience se poursuit avec le long exposé de la juge
d'instruction Francine Lyna. Elle raconte beaucoup de sottises et, surtout,
elle reprend à son compte tous les mensonges de l'acte d'accusation, même ceux
totalement contraires à ses propres conclusions d'enquête ! Elle défend maintenant la thèse voulant que
l'attentat mené le 1er mai 1985 contre la Fédération des Entreprises
de Belgique ( FEB ) fut un traquenard conçu pour tuer. Elle épouse la thèse de
l'assassinat ( meurtre prémédité ) alors que suite à trois années d'investigations
elle avait conclu à l'accident et inculpé les militants d'homicides
involontaires.
29 septembre
Lyna termine sa prestation. Les militants prisonniers font
deux déclarations.
D'abord, « Sur des
faits 1 », qui dénonce une manipulation
particulière de l'acte d'accusation reprise par la juge d'instruction dans son
exposé : le communiqué des Cellules du 1er mai 1985
aurait été rédigé, sinon corrigé, par le militant révolutionnaire français
Frédéric Oriach à la demande de Pascale Vandegeerde. Une correspondance entre
Frédéric et Pascale l'attesterait. Stigmatisant les buts de la manœuvre ( impliquer Pascale dans l'action des Cellules avant
son entrée dans l'organisation en octobre 1985 et criminaliser Frédéric pour
lui interdire l'accès au territoire, notamment ), les militants exigent la production publique de ce fameux courrier.
Ensuite, « Sur des
faits 2 », qui s'attaque au plus ignoble
mensonge de l'accusation — également relayé par Lyna. Il concerne évidemment
les événements du 1er mai 1985. L'acte d'accusation affirme à maintes
reprises que le message téléphonique d'avertissement transmis par les Cellules
à la gendarmerie, message exigeant l'évacuation des lieux de l'attentat,
mentionnait une fausse adresse :
seulement la rue Ravenstein et non la rue des Sols où était garée la
camionnette contenant la charge explosive. L'objectif du mensonge est flagrant.
Il s'agit de faire croire que si deux pompiers trouvèrent la mort rue des Sols,
la responsabilité n'en incombe pas à une gendarmerie parfaitement renseignée et
curieusement passive, mais incomberait aux Cellules qui auraient délibérément
égaré cette gendarmerie. Les militants exigent cette fois aussi la production
publique d'une pièce indiscutable :
l'enregistrement de la communication d'avertissement reçue par le central de la
gendarmerie le 1er mai 1985.
Après le défilé de premiers témoins insignifiants ( experts, enquêteurs ), correspondance et enregistrement sont examinés publiquement en fin
d'après-midi. Indiquons que les pièces avaient été « perdues »
par la gendarmerie mais qu'elles furent « retrouvées » par la police judiciaire. À cette péripétie, Durant
ajoute moult manœuvres de retardement et diversion destinées notamment, on s'en
rend vite compte, à secourir préventivement son compère Jaspar. Ainsi
commence-t-il par lui fournir l'un ou l'autre bouc émissaire qui l'aurait
malencontreusement induit en erreur. Il fait lire divers rapports de
gendarmerie afférents à la réception de l'appel téléphonique, dont pas un seul
ne mentionne la rue des Sols. Bref il traîne l'affaire en longueur, fatigue les
gens, sème la confusion et travaille consciencieusement à atténuer une vérité
qui s'annonce redoutable. Oui, les Cellules Communistes Combattantes ont fait
tout ce qu'il était raisonnable de prévoir pour que l'action du 1er mai contre
le siège du patronat se limite à sa destruction. Oui, la responsabilité de
l'accident tragique incombe entièrement à la gendarmerie. Oui, les Cellules ont
toujours dit la vérité. Oui, depuis trois ans, les gouvernements successifs,
l'autorité judiciaire, la hiérarchie du corps des pompiers et les médias
trompent les victimes et la conscience sociale.
Le message enregistré est enfin entendu publiquement : « Ici les
Cellules Communistes Combattantes. Nous avons placé une voiture piégée devant
la FEB. L'explosion aura lieu ce 1er mai à 0 h 30. Faites
évacuer la rue Ravenstein et la rue des Sols. Faites évacuer les veilleurs de
nuit. Ne touchez pas au véhicule, il exploserait immédiatement. Je répète : faites évacuer la rue Ravenstein et la rue des
Sols. Faites évacuer les veilleurs de nuit. »
Quant à la lettre qui aurait servi à la préparation du
communiqué d'action du 1er mai ...
elle date du 22 septembre 1985 !
Et, de surcroît, elle traite d'un document de Frédéric Oriach ( « La lutte
armée, nécessité stratégique et tactique du combat pour la révolution » ) que le
collectif de propagande où Pascale militait à l'époque se préparait à publier.
Choqués par l'énormité de l'embrouille, certains
journalistes ( principalement de l'audiovisuel ) rendent compte sincèrement de la manière dont le
procureur et la juge d'instruction viennent d'être confondus. Il en est même qui
vont jusqu'à poser des questions capitales concernant la suite du procès, mais
leur indignation se révélera finalement artificielle, leur vigilance éphémère.
Dans l'ensemble, les médias minimiseront l'événement. Par exemple, dans le
journal Le Soir du lendemain, tout sera ramené à la taille de quelques « fautes » dans
l'acte d'accusation. On pourra aussi y découvrir cette nouvelle invention : la correspondance examinée porterait le titre « Corrections au texte revendicatif de l'attentat du 1er mai ... »
30 septembre
L'APAPC diffuse un communiqué faisant le point sur
l'avancement de la grève de la faim. Didier est en grève depuis vingt-neuf
jours, Pascale vingt-deux, Pierre quinze et Bertrand huit. Le ministre feint
ignorer la chose.
La solidarité s'intensifie en Belgique et à l'étranger : distributions de tracts, collages d'affiches,
accrochages de calicots, etc. À l'audience, le défilé des témoins se
poursuit avec des experts et des enquêteurs. Le chef du Groupe de Répression du
Terrorisme de la PJ de Bruxelles évoque des faits qu'il attribue aux Cellules
Communistes Combattantes ( notamment un hold-up à la
Kredietbank, rue du Congrès à Bruxelles, en juillet 1985 ).
3 octobre
Toujours le défilé des experts et des enquêteurs.
4 octobre
Fin du défilé, au cours duquel la défense des repentis du « FRAP » a
soulevé quelques polémiques.
Arrive alors le témoignage d'un vigile de la société
Securitas. Il s'appelle Michel De Munck, il surveillait le siège bruxellois de
la Banque Bruxelles Lambert le soir de l'attaque des Cellules Communistes
Combattantes ( 4 novembre 1985 ) et sa curiosité lui a valu d'essuyer des coups de
feu. Sa narration des faits terminée, il est questionné précisément par les
militants prisonniers. Démonstration est facilement faite que De Munck n'a pas
vu la personne qui a ouvert le feu, et même qu'il n'aurait pas pu la voir étant
donné la configuration des lieux. L'intervention des camarades, intitulée « Sur des faits 3 », met une fois de plus en évidence la nature outrancièrement mensongère
de l'acte d'accusation. On peut y lire en effet : «... il fut procédé à une confrontation entre eux [ les
militants ] et De Munck qui a reconnu
formellement Didier Chevolet comme étant le tireur à la mitraillette ». Or, il n'y a eu aucune confrontation, De Munck n'a
reconnu personne ( ni le tireur ni qui que ce soit ), et de toute façon cela lui aurait été matériellement
impossible.
5 octobre
Retour aux événements du 1er mai. Le président du
tribunal a convoqué plusieurs gendarmes directement compromis. D'abord les deux
pandores de garde au central téléphonique de la rue de Louvain. Ce sont eux qui
ont reçu le message d'alerte des Cellules.
Leur défense est simple :
ils sont flamands et ont mal compris le propos. Ils n'ont pu réécouter le
message car leur enregistreur de service était en panne. Se souvenant qu'il
avait été question de la rue Ravenstein, ils y ont expédié une voiture de
patrouille.
Sortie de ces deux-là et entrée du sous-officier qui fut
chargé postérieurement de transcrire l'enregistrement du message fait par un
appareil de contrôle, plombé, inaccessible aux standardistes. Ce gendarme a
fabriqué un faux. Il a recopié le message des Cellules en supprimant les deux
passages où est demandée l'évacuation immédiate de la rue des Sols. — Comment
explique-t-il cela ? Il ne se l'explique pas, ou alors
une distraction due au surmenage. — Aurait-il reçu des ordres « d'en haut » ? Quelle idée absurde ! Et Durant, parfait de complicité, tourne la page. On n'en saura pas
plus. Et la presse, parfaite de complicité, porte Durant au pinacle de la
justice : c'est qu'il traque la vérité sans
trembler !
Le reste de l'audience est consacré à l'audition de
personnes présentes rue des Sols au moment de l'attentat ( nettoyeurs, vigiles, policiers, pompiers, etc. ). Il apparaît que les vigiles qui ont appelé les
pompiers savaient parfaitement que la camionnette dont s'échappait de la fumée
contenait une charge explosive. Ils avaient lu les tracts d'avertissement
répandus par les combattants dans la rue et tout autour de la camionnette. L'un
d'entre eux en avait même ramassé un grand nombre et les avait empilés sur son
bureau. Il constatera leur disparition après le passage des forces de police et
de gendarmerie. En fait, seuls les pompiers ignoraient la nature du danger quand
ils forcèrent la camionnette pour éteindre ce qu'ils croyaient être un petit
incendie, et on peut penser que leur intervention imprévue précipita la mise à
feu de la charge.
6 octobre
Toujours la procession des témoins. Cette fois
principalement des propriétaires d'appartements et garages qui servaient de
bases aux Cellules.
7 octobre
L'audition de témoins attachés au dossier « FRAP » doit
être interrompue. La foudre est tombée sur le Palais de Justice et a endommagé
le système de sonorisation spécialement installé pour le procès dans la salle
d'Assises. Les débats sont reportés.
10 octobre
Reprise du défilé des témoins convoqués par la défense des
repentis du « FRAP ».
11 octobre
L'audience débute avec les derniers témoignages dans le
cadre du dossier « FRAP ». Elle se poursuit avec les plaidoiries des parties civiles. Les
interventions sont, sans doute inconsciemment mais inévitablement, ultra
politisées. Le représentant de l'agglomération de Bruxelles ( dont dépendaient les services d'incendie ) : « Notre société est imparfaite, mais toutes les classes
qui la composent — y compris la classe prolétarienne — sont attachées aux
valeurs qui la fondent. » Un avocat délégué par une société
immobilière : « Nous n'allons rien récupérer de tout cet argent. Nous le savons. Mais
nous avons voulu venir ici jusqu'au bout pour manifester notre solidarité avec
toutes les victimes de ces actes. Nous sommes confrontés à une forme de guerre
où l'ennemi se cache derrière un orgueil fanatique », etc. Sans oublier la représentante de l'OTAN
qui y alla gaillardement du couplet sur « la
défense du monde libre ».
12 octobre
Didier Chevolet est en grève de la faim depuis quarante et
un jours. Il a perdu douze kilos et son état de faiblesse ne lui permet plus de
participer activement à la lutte lors des audiences.
Il refusera dorénavant de se rendre au Palais de Justice.
Confronté à l'absence du militant, Durant invoque des arguties juridiques et
ordonne qu'il soit amené de force dans le box. C'est fait avec la dernière des
brutalités. Alors que son transfert au centre médical vient d'être décidé, une
bande de gendarmes agresse le camarade dans sa cellule, le traîne à travers
toute la prison et le jette dans un fourgon. Croyant sauver les apparences, ils
finissent par le porter sur une chaise dans le couloir qui mène au box.
Indignés par ces faits, refusant de cautionner — fût-ce
par leur seule présence — la directive de Durant et les méthodes des
gendarmes, les avocats de Didier quittent la salle. Durant leur rappelle à
nouveau qu'ils ont été commis d'office. Les avocats passent outre.
Dans la soirée, le consulat de Belgique à Zürich est lapidé
et maculé en solidarité avec la grève de la faim.
13 octobre
Les prisonniers font une déclaration au sujet des brutalités
dont leur camarade a été l'objet la veille. L'APAPC en diffuse le texte. La
presse n'en soufflera mot. Pour sa part, Durant est réjoui d'avoir sous les
yeux un procès-verbal de gendarmerie qui lui apporte « une toute autre version des faits ». Il a aussi découvert de nouvelles arguties
juridiques qui, cette fois, ne rendent plus obligatoire la présence des
prisonniers. L'audience se déroule sans Didier mais en présence des défenseurs
désignés d'office. Le procureur Jaspar entame son réquisitoire. C'est la
réaffirmation butée de son acte d'accusation pourtant déjà mis à mal, c'est une
lamentable et confuse gesticulation à la gloire du système. Il cimente
l'indigence de son numéro par une envolée dont il ne semble pas peu fier : « Vous avez
signé d'un trait rouge sur les pavés de la rue des Sols votre impuissance à
tuer la liberté ». Manifestement la formule
l'enchante, il la répète jusqu'à radoter, ajoutant ainsi à la perplexité de
ceux qui se souviennent comment la gendarmerie a été démasquée un peu plus tôt
pour son entière responsabilité dans le drame, et de ceux qui croyaient encore
ne pas avoir affaire à un procès politique.
Jaspar s'applique d'ailleurs à rassurer ces derniers. Il se
livre à une curieuse acrobatie. Il attaque la politique des Cellules
Communistes Combattantes ( qui, à l'en croire, mène « au goulag » ) tout en déniant à la lutte des Cellules le
caractère politique qui ferait des quatre militants des prisonniers politiques.
Pour l'occasion, il s'accroche à une définition plutôt
perverse de l'infraction politique. On l'écoute : « Les crimes et délits reprochés ne
sont pas des infractions politiques car pour cela, le fait infractionnel doit
être de nature à porter immédiatement atteinte aux institutions politiques. Or,
il n'en est rien dans ce cas. Seules les motivations et les conséquences
lointaines des infractions sont d'ordre politique ... »
On pourrait multiplier à l'envi les exemples de la
bouffonnerie sinistre de la prestation de Jaspar. N'en retenons plus qu'un. Ce
procureur est matériellement incapable de démontrer la participation effective
de chaque prisonnier à quelqu'action politico-militaire des Cellules. Il accuse
donc les quatre camarades de l'ensemble des actions de leur organisation. Il
réclame même la condamnation de Didier Chevolet et Pascale Vandegeerde pour la
pratique antérieure à leur entrée dans les Cellules ( l'instruction établit que cette entrée date d'octobre 1985 ). Mais une inspiration étrange lui dicte soudain
d'exclure Pascale du cadre de l'action contre la BBL le 4 novembre 1985 : aucune femme n'a été vue par les témoins cette
nuit-là. Après ça, qu'aucune femme n'ait jamais été citée dans aucun témoignage
à propos d'aucune action des Cellules est bien peu de chose. D'ailleurs
qu'importe ! Jaspar tient le bon bout : puisque dans leurs communiqués d'actions les
Cellules Communistes Combattantes parlent à la première personne du pluriel ( « Nous avons
attaqué ... » ), l'aveu général et définitif de
culpabilité de la part des quatre est patent. Sans doute quelque part inquiet
de la médiocrité de son cinéma, Jaspar fait carrément remettre à chaque juré un
guide des réponses qu'il veut voir apportées aux trois cents questions
concernant la « culpabilité » ou la « non
culpabilité » des prisonniers. Faute d'avoir
convaincu, il s'assure d'être au moins obéi.
Dans la soirée, des militants des Cellules
autonomes / DK brisent les vitres de l'ambassade de Belgique à
Copenhague.
14 octobre
Jaspar termine la lecture de son réquisitoire. Au total,
cela aura duré six heures.
Les prisonniers présentent leur « Déclaration centrale au procès ». Un important document en trois chapitres : « Sur le
droit », « Quelques éléments politiques »
et « En guise de conclusion ». Ils y exposent leur position envers le procès et
la justice, les bases de la ligne de leur organisation et leur analyse des
données concrètes dont il a été question les jours précédents.
17 octobre
Didier est en grève de la faim depuis quarante-six jours.
Pascale depuis trente-neuf. La camarade, qui ne pèse plus que 37 kilos ( pour un poids initial de 48 ), constate que son état de faiblesse l'empêche à
présent elle aussi d'assurer une présence active dans la lutte aux audiences. Elle
refuse d'être conduite au Palais de Justice.
Pierre est en grève depuis trente-deux jours. Son état de
santé se dégrade brutalement dans la matinée et il est ramené précipitamment à
la prison. Souffrant d'hémorragie dans l'appareil digestif et de spasmes
vomitifs ininterrompus, il est incapable d'absorber le moindre liquide. Sa
déshydratation aura atteint un tel seuil critique après cinq jours, que les
autorités décideront sa mise sous perfusion au CMC ( Centre médicochirurgical ) de la prison de Saint-Gilles.
Bertrand en est à son vingt-cinquième jour de grève de la
faim. Il se retrouve dernier militant des Cellules présent aux audiences. Il
lit un communiqué collectif expliquant les raisons de l'absence de Pascale et
Pierre.
L'après-midi, les avocats des repentis du « FRAP » plaident
pour leurs clients. Dans un autre registre, des parents, amis et sympathisants occupent,
en soutien à la grève de la faim, le siège national du Parti social-chrétien ( auquel appartient le ministre de la Justice, Melchior
Wathelet ) à Bruxelles. À la demande de
Gérard Deprez, président de ce parti, la police défonce l'entrée des locaux occupés
et embarque les manifestants.
18 octobre
Les avocats des camarades rendent publique une « Lettre ouverte au Ministre de la Justice ». Ils s'indignent du refus opposé par ce ministre à
l'ouverture de négociations autour des revendications de la grève de la faim.
Ils dénoncent le subterfuge derrière lequel Wathelet se retranche : la « séparation
des pouvoirs » l'empêcherait d'intervenir dans un
procès en cours. Or, il n'est pas question de cela mais de modifier les
conditions de détention imposées depuis trois années à des prisonniers
politiques. À l'audience, suite des plaidoiries pour les repentis du « FRAP ».
19 octobre
Ultimes interventions consécutives aux déclarations des
militants prisonniers et aux plaidoiries de la défense des repentis. On entend
des parties civiles, le procureur, et encore les avocats des repentis.
Bertrand Sassoye lit une dernière déclaration au nom
collectif des prisonniers des Cellules. Il rappelle le sens de leurs diverses
interventions au fil des audiences et annonce que désormais les prisonniers ne
se manifesteront plus au procès. Cette déclaration évoque aussi l'ultime
indignité de Durant et de ses sbires. Il avait donné aux gendarmes l'ordre
secret d'écouter tout ce qui dans les conversations entre prisonniers pourrait
leur nuire aux yeux des jurés, et de le rapporter. L'espionnage s'est révélé
peu fructueux et Durant doit se contenter de quelques bribes de phrases, le
plus souvent falsifiées. L'audience se clôture avec la lecture des trois cents
questions sur la « culpabilité » ou non des prisonniers.
20 octobre
Après « délibération », le jury apporte fidèlement les réponses établies
pour lui, par Jaspar, une semaine plus tôt.
En début de soirée, Didier est transféré au CMC. Dans la
nuit, huit agences bancaires sont maculées de peinture rouge à Bruxelles.
21 octobre
L'audience est consacrée au débat sur les peines. Le
procureur donne une nouvelle fois singulièrement raison aux militants prisonniers.
Les camarades, dans leur dernière prise de parole, avaient prévu l'éventualité
de quelques « vagues nuances » dans la répression, afin de « sauver les apparences ». Ecoutons Jaspar : « Nous ne sommes pas en guerre. Il convient de ne pas fabriquer des
martyrs. Voilà pourquoi je ne me sens pas le droit de vous demander pour eux la
peine de mort. Je refuse cette guerre, fruit de leur imagination débridée ». Et il poursuit en réclamant les travaux forcés à
perpétuité pour les quatre révolutionnaires, la peine des condamnés à mort
après la commutation automatique !
Les condamnations sont prononcées le soir même : les travaux forcés à perpétuité pour Didier
Chevolet, Pascale Vandegeerde, Bertrand Sassoye et Pierre Carette. Les repentis
du « FRAP » sont condamnés à cinq ans de détention. Dans les faits, cela se
réduira à peu de chose encore : ils
bénéficieront de conditions particulièrement favorables, de congés rapides, et
ils seront libérés dix mois plus tard.
22 octobre
Une première rencontre a lieu entre quatre avocats des
militants des Cellules, le chef de cabinet du ministre de la Justice, un de ses
adjoints et le directeur général de l'administration pénitentiaire. Il en
résulte l'annonce de la normalisation du régime de détention des quatre
camarades, donc la fin de l'isolement. Le choix de cette date pour un premier
contact et la référence à une « normalisation » pour supprimer l'isolement éclairent l'intention du
ministère. Il veut faire croire que son recul n'en est pas un, que son attitude
découle tout naturellement de la fin du procès et des mesures carcérales qui
accompagnent pareil moment. Le ministère voudrait effacer des mémoires trois
années de conditions de détention déclarées dégradantes et destructrices par
maintes institutions internationales.
Comme cette « normalisation » ne correspond pas à leurs revendications ( ils obtiennent des choses qu'ils n'ont pas demandées
et dont ils n'ont rien à faire, mais se voient toujours refuser des choses
indispensables à leur travail politique, à commencer par la possibilité de
communiquer entre eux ), les militants décident de poursuivre
la grève de la faim.
23 octobre
Pascale Vandegeerde est transférée au CMC. Elle y sera
placée sous perfusion à partir du 27 octobre.
24 octobre
Les avocats annoncent la continuation du mouvement de lutte
des camarades.
Le tribunal s'occupe de divers dommages et intérêts. Le
ministère de la Défense nationale se voit attribuer l'essentiel des indemnités ... de façon toute théorique, vu que les militants
sont insolvables.
26 octobre
Des sympathisants occupent les locaux du Parti Populaire
Européen ( la fédération des partis
démocrates-chrétiens de la communauté européenne ) à Bruxelles. D'autres investissent au même moment les locaux du
Tribunal du travail à Charleroi. Les deux actions sont menées en soutien à la
grève de la faim. Les forces de police interviennent aussi rapidement que
brutalement, tant à Bruxelles qu'à Charleroi.
27 octobre
À Hambourg, des militants lapident le consulat de Belgique.
De nouvelles discussions entre les avocats des prisonniers
et les responsables de l'administration pénitentiaire débouchent sur un accord.
Il satisfait toutes les revendications des grévistes, à l'exception d'une parmi
les plus importantes : des réunions de travail régulières
à quatre. En lieu et place, les militants pourront correspondre directement et
librement entre eux. L'accord stipule donc que les camarades pourront
correspondre librement avec l'extérieur, entre eux, recevoir des visites extrafamiliales
( quatre permis permanents sont
délivrés à des sympathisants ),
téléphoner, recevoir et conserver tous les documents politiques qu'ils jugent
nécessaires. Ces mesures recoupent ou complètent les acquis de la « normalisation »
établie le 22 octobre : contacts avec les autres
prisonniers, accès aux activités communes, etc. La grève de la faim est
suspendue. L'accord est formalisé notamment par une lettre des avocats à
l'administration pénitentiaire.
29 octobre
Parmi les nombreux messages de solidarité adressés aux
quatre militants des Cellules tout au long de la grève de la faim et du procès,
soulignons celui de six prisonniers anti-impérialistes nord-américains. Leur
soutien au combat des camarades contre l'isolement est d'autant plus fort que
le même combat est primordial pour les prisonniers politiques aux USA ( révolutionnaires, noirs, portoricains, etc. ).
1er novembre
Les déclarations au procès des militants des Cellules
Communistes Combattantes sont éditées sous forme de brochure par le collectif « Classe contre Classe ! ». Elle est immédiatement diffusée à
plusieurs centaines d'exemplaires. Par la suite, l'APAPC assurera une
réédition. Ces déclarations ( et
l'interview au journal Le Peuple, le communiqué d'ouverture de la grève de la
faim, etc. ) font aussi l'objet de nombreuses
publications dans la presse anti-impérialiste et révolutionnaire internationale
( aux Pays-Bas, en Allemagne, France,
Italie, Espagne et Suisse ).
L'APAPC diffuse le communiqué annonçant l'accord et la fin
de la grève. Le collectif « Classe
contre Classe ! »
distribue largement un tract dénonçant le caractère terroriste du verdict du 21 octobre,
raillant la vaine prétention d'un tel verdict à donner un coup d'arrêt à la
lutte révolutionnaire.
3 novembre
Le ministère n'aura pas attendu dix jours pour trahir ses
engagements. C'est une habitude. Les prisonniers sont avertis qu'ils doivent
remettre leur courrier ouvert à l'avenir. Toute leur correspondance, sortante
comme entrante — et même médicale, sera dès lors photocopiée. Aucune
indication quant à l'usage de ces copies ne pourra jamais être obtenue. D'autre
part, en marge des accords du 27 octobre, les autorités s'étaient engagées
à restituer le volumineux courrier détourné durant trois ans. Quasi rien ne
sera finalement rendu.
Et depuis lors …
Début 1989
Les camarades quittent tour à tour les prisons bruxelloises.
Ils sont dispersés dans quatre établissements : Huy, Namur, Tournai et Mons.
Mai 1989
L'APAPC présente son document « Bilan et perspectives ».
Juin 1989
Les militants répondent au questionnaire envoyé par le
Comité Catalan de Solidarité Internationaliste ( CCSI ) à plusieurs collectifs de
prisonniers politiques dans le monde. Comme l'édition de leur travail par le
CCSI, quelque temps plus tard, recelait fautes et coquilles, ils ont jugé
opportun d'en présenter une version correcte.
Juillet 1989
À la demande de militants néerlandais ( KK, PVK ),
les camarades produisent le document « À
propos de la crise actuelle entre des forces militantes révolutionnaires aux
Pays-Bas ». Le débat se poursuivra. En octobre 1991,
les camarades produisent encore « Aux
militant(e)s des Internationalen lnfoläden ( réponse
à la lettre ouverte de l'été 1990 ) ».
Janvier 1990
Suite à l'agitation intempestive des repentis du « FRAP » dans un
journal libertaire, les prisonniers rédigent « Le "FRAP", provocation et repentir ». Ils y exposent, une bonne fois pour toutes, la
vérité sur cette pantalonnade et ses acteurs.
Mai 1990
Rédaction de « Sur
le Parti combattant ( une divergence avec les camarades
espagnols ) »,
publié en octobre dans la revue Correspondances Révolutionnaires n° 8. Avec ce travail, les prisonniers développent leur
conception du rapport entre le Parti et la lutte armée. Ils s'inscrivent dans
le débat « Parti et guérilla » lancé par les prisonniers du PCE(r) et des GRAPO.
Décembre 1990
Réponse à un questionnaire adressé par des prisonniers de la
Ligue de Propagande Armée Marxiste-Léniniste ( Turquie ). Ce travail est édité sous forme
de brochure par CR.
19 mars 1992
Dans la matinée, Bertrand Sassoye s'évade en compagnie de
deux prisonniers sociaux. Hélas ! ils sont
repris quelques heures plus tard. Ils subissent alors les représailles carcérales
habituelles : cachot, puis « régime strict »
et « transfert disciplinaire ». Le camarade se retrouve à la prison de Lantin.
1er mai 1992
Ouverture d'un débat public avec l'organisation communiste
marxiste-léniniste Voie Prolétarienne, en France. Les quatre camarades
produisent « Lutte armée et politique
révolutionnaire », auquel VP répond par « Violence révolutionnaire et construction du Parti,
aujourd'hui, en Europe ». Les deux documents sont publiés à
la fin de l'année en France et en Belgique.
Ce grand débat n'est pas clos aujourd'hui. Il s'est enrichi
d'une seconde contribution des prisonniers des Cellules, puis d'autres du
Camarade Arenas ( Secrétaire Général du PCE(r) et de
la Cellule pour la Constitution du Parti Communiste Combattant ( Italie ), qui
sont parues dans le numéro 14 de Correspondances Révolutionnaires, en mai 1992.
L'enquête concernant l'attaque de la caserne à Vielsalm en
1984 vise les quatre prisonniers. Jusqu'à la fin de l'année se succèdent
tentatives d'interrogatoires, perquisitions dans les cellules, etc. Le
juge Pochet s'agite bizarrement.
17 octobre 1992
Publication de « Une
déclaration injustifiable », un document très critique envers
les « nouvelles » orientations liquidatrices de la Fraction Armée
Rouge allemande, exposées dans la « Lettre
du 10 avril ». Cette critique formulée par les
camarades circulera largement dans le mouvement révolutionnaire international.
Mai 1993
Les quatre prisonniers achèvent la rédaction de « La Flèche et la Cible ». Il s'agit d'un important travail théorico-politique, publié par CR en
janvier 1994. Les camarades considèrent que « La Flèche et la Cible » constitue leur nouvelle référence collective poursuivant, dépassant la
réflexion ( et l'expérience ) des Cellules Communistes Combattantes.
Mars 1994
Pascale, Didier, Pierre et Bertrand sont entrés dans leur
dixième année de détention. Leurs avocats reprennent des démarches auprès de
l'administration pénitentiaire. Ils présentent plusieurs requêtes banales : la possibilité de rencontres comme elle existe pour
des frères et sœurs, des permis de visite ponctuels, le transfert de Pierre Carette
dans un établissement néerlandophone afin qu'il puisse pratiquer cette langue.
Le ministère oppose un refus catégorique sur toute la ligne.
2 octobre 1994
À l'occasion du dixième anniversaire de l'émergence des
Cellules Communistes Combattantes, les quatre prisonniers tirent un bilan au
présent. Ce petit texte reçoit un excellent accueil en Allemagne, au Canada, en
Espagne ... Il a été publié dans la revue
Correspondances Révolutionnaires numéro 14, en février 1995.
Les prisonniers participent au mouvement de solidarité avec
le révolutionnaire noir nord-américain Mumia Abu-Jamal, condamné à mort.
Pascale et Pierre réalisent des travaux artistiques pour une exposition
itinérante aux États-Unis.
1er mai 1995
La police et la hiérarchie du corps des pompiers de
Bruxelles organisent une commémoration du drame du 1er mai 1985. Le
gradé Van Gompel profère publiquement des menaces de mort contre les militants
prisonniers. D'autre part, il apparaît pour la première fois dans la presse que
certains pompiers à l'œuvre rue des Sols espéraient en fait désamorcer la
charge explosive.
Eté 1995
Didier Chevolet annonce qu'il quitte le Collectif des
Prisonnièr(e)s des Cellules Communistes Combattantes. Il n'entend pas
participer à la lutte commune pour les libérations. Il désire que son cas soit
abordé par les autorités de façon strictement individuelle et apolitique. C'est
l'aboutissement d'un détachement politique et militant amorcé depuis des
années. Ses anciens camarades déplorent cette perdition et en condamnent
fermement l'orientation.
3 octobre 1995
Le Tribunal correctionnel de Tournai consacre son audience à
l'évasion du 19 mars 1992. Outre les évadés, sept autres personnes
comparaissent : elles sont accusées d'avoir
facilité l'évasion.
Fidèle à son engagement révolutionnaire, Bertrand Sassoye
refuse de collaborer avec le tribunal. Il profite toutefois de l'occasion pour « s'excuser auprès de ceux qui se retrouvent inculpés
bien qu'ils n'aient rien à voir avec l'évasion » et pour « adresser un fraternel salut à ceux
qui, sans se laisser décourager par les difficultés, continuent à lutter pour
le Communisme ». Il conclut : « À tous ces
camarades, salut et fraternité ! ».
7 novembre 1995
Le jugement est rendu dans l'affaire de l'évasion de 1992.
Quatre prévenus — dont Bertrand — sont condamnés à huit mois de
prison. Les autres écopent de peines moindres et variées, ou sont acquittés. La
substitut du procureur du roi, Béatrice Annicq, qui avait requis avec une
sévérité rabique contre les évadés n'entend pas le prononcé. Elle est absente.
Elle a été arrêtée tandis qu'elle transportait vingt kilos de résine de
cannabis vers l'Angleterre.
16 décembre 1995
Les camarades sont en prison depuis dix ans. C'est
l'échéance fixée pour l'application automatique de la loi Lejeune ( sur la libération conditionnelle ) aux condamnés à perpétuité. Cela ne concerne encore
que Pascale et Pierre, vu que Bertrand doit y ajouter quatre mois suite au
jugement de novembre.
À la prison de Namur, la procédure administrative ( enquête sociale, etc. ) visant Pascale est formellement engagée. Un avis favorable est
transmis au ministère ... qui y répond en imposant des
compléments exceptionnels. Les choses semblent alors se figer.
À la prison de Mons, la procédure visant Pierre reste au
point mort : pas d'enquête, pas d'avis.
20 février 1996
Les avocats de Pascale, Pierre et Bertrand se rendent au
Service des cas individuels de l'administration pénitentiaire dans le but
d'obtenir des éclaircissements quant à leur situation. Démarche totalement
infructueuse. Il apparaît seulement qu'après dix ans les autorités sont
toujours bien décidées à poursuivre une répression extraordinaire contre les
camarades.
Avril 1996
L'APAPC amorce la campagne d'agitation pour les libérations
en réalisant un tract et une affiche. Puis viendra cette brochure. C'est une
nouvelle bataille qui commence !
Addenda
Automne 1996
Les appels à la libération ont été diffusés par tracts et/ou
articles de presse en Suisse, France, Allemagne, Russie, Kazakhstan, Angleterre,
Pays-Bas, Italie, USA, Espagne et Canada.
18 octobre 1996
Le consulat de Belgique à Zürich et l'ambassade de Belgique
à Berne font l'objet d'actions militantes revendiquant la libération des
prisonniers.
9 novembre 1996
Les membres de l'Union Galicienne pour l'Amnistie, des
Comités Anti-répression de Galice, et de l'Assemblée pour le soutien aux
prisonnièr(e)s politiques galicien(ne)s manifestent devant le consulat de
Belgique à La Corogne.
16 novembre 1996
Une réunion publique d'information se tient à Paris en
faveur de la libération.
Décembre 1996
Une réunion publique d'information se tient à Bruxelles en
faveur de la libération.
10 avril 1997
Les journaux La Meuse, La Lanterne, La Nouvelle Gazette et
La Province publient une interview de Pierre Carette qui, entre autres choses,
rappelle sa fidélité et celle de ses camarades à la cause du communisme. « Coïncidence »,
le soir même de la publication de cette interview, la police prétend découvrir
un dépôt d'armes et d'explosif à Uccle. Elle organise un sinistre show
médiatique, avec déménagement nocturne d'un home de vieillards, etc. Ce
dépôt est immédiatement et à tort attribué aux Cellules Communistes Combattantes,
divers journaux vont jusqu'à désigner comme responsables l'APAPC et la famille
de Bertrand Sassoye.
3 mai 1997
Les trois prisonniers introduisent simultanément une demande
de congés pénitentiaires. Les trois demandes sont rejetées sans appel par le
ministère.
19 juin 1997
L'APAPC organise à Bruxelles un meeting et des rencontres
internationales à l'occasion de la Journée Internationale du Prisonnier
Révolutionnaire 1997. De nombreuses délégations étrangères participent à ces rencontres.
Dans le cadre de cette journée, le collectif des avocats donne une conférence
de presse au cours de laquelle sont dénoncés le blocage des procédures de
libération conditionnelle, l'existence du comité occulte au sein du ministère
de la Justice, etc. Une pétition en faveur des libérations est également
présentée à cette occasion. Dans un communiqué, les prisonniers démentent que
le dépôt découvert en avril ait appartenu à leur organisation.
17 septembre 1997
Parmi les nombreuses initiatives de solidarité
internationaliste menées en Suisse, une action a lieu contre le hall
d'exposition de Renault en solidarité avec les travailleurs de l'usine belge de
Vilvoorde et les prisonniers des Cellules.
16 décembre 1997
Pierre, Pascale et Bertrand sont emprisonnés depuis douze
ans. Ils dépassent à présent la moyenne des peines effectives des prisonniers
sociaux condamnés à la perpétuité ou à la peine de mort. Pascale est devenue la
plus ancienne détenue dans le pays.
Janvier 1998
En réponse à une demande de permis de visite introduite pour
Pierre Carette, les autorités répondent qu'il paraît « inopportun, attendu qu'il s'agit manifestement de
personnes engagées de façon active dans le militantisme et le
"combat" révolutionnaires, de leur accorder un permis de visite ». Jusqu'à aujourd'hui, toutes les demandes de permis
de visite sont refusées ...
6 mars 1998
Transfert de Pierre à la prison de Louvain.
27 avril 1998
Une réunion publique d'information se tient à Gand en faveur
de la libération.
5 juin 1998
Une réunion publique d'information se tient à Anvers en
faveur de la libération.
Juin 1998
Dans la perspective de la Journée Internationale du
Prisonnier Révolutionnaire 1998 qu'elle co-organise à Gand avec l'APAPC,
l'Anarchist Black Cross réalise une interview des prisonniers qu'elle éditera
pour cette occasion sous forme de brochure. Cette interview sera reprise dans
le journal DE NAR.
20 juin 1998
À l'occasion des rencontres internationales organisées à
Gand pour la Journée Internationale du Prisonnier Révolutionnaire, les quinze
délégations présentes ( délégations belges, néerlandaises,
françaises, anglaises, allemandes, suisses et basques ) s'associent pour revendiquer la libération des
prisonniers des Cellules.
22 octobre 1998
Le consulat de Belgique à Zurich est maculé de peinture en
solidarité avec les prisonniers des Cellules.
17 décembre 1998
Des parents et amis des prisonniers manifestent à Bruxelles
devant le Palais de Justice et le ministère de la Justice pour revendiquer la
libération.
25 avril 1999
Manifestation devant l'ambassade de Belgique à Moscou pour
protester contre le maintien en prison des prisonnièr(e)s des Cellules. Des
membres et sympathisants de dix organisations communistes et anarchistes russes
y participent.
20 juin 1999
Le meeting organisé à Paris pour la Journée Internationale
du Prisonnier Révolutionnaire aborde la situation des prisonniers des Cellules
et appelle à leur libération.
26 juin 1999
À l'occasion des rencontres internationales organisées à
Bruxelles pour la Journée Internationale du Prisonnier Révolutionnaire, les dix
délégations présentes ( originaires de huit pays ) s'associent pour appeler à la libération des
prisonniers des Cellules. Ceux-ci présentent le texte de la « Plate-forme du 19 juin » à laquelle vont adhérer des dizaines de prisonniers
révolutionnaires communistes, antifascistes, anarchistes et anti-impérialistes.
Juin 1999
Les meetings organisés en Italie ( Rome, Naples, Milan, Florence et Catane ) pour la Journée Internationale du Prisonnier
Révolutionnaire sont l'occasion d'interventions en faveur des prisonniers des
Cellules.
Août 1999
Manifestation de militants communistes ukrainiens devant
l'ambassade de Belgique à Kiev pour protester contre le maintien en prison des
prisonniers des Cellules.
Septembre 1999
Multiplication des manœuvres du ministère pour éviter une
libération des prisonniers par les Commissions de libération conditionnelle ( créées par la nouvelle loi précisément pour
transférer du ministère aux juges la décision des libérations ). Les manœuvres vont de consignes envoyées aux
directeurs de prison pour que les prisonniers ne soient pas proposés aux
Commissions jusqu'à la rétention des pièces administratives nécessaires aux
comparutions.
18 décembre 1999
Manifestation devant l'ambassade de Belgique à Paris pour la
libération des prisonniers des Cellules. Sont présentes des délégations
d'organisations communistes et anarchistes.
4 février 2000
Pascale est libérée après plus de 14 années de prison.
Jusqu'à la dernière seconde, le ministère lui a refusé un jour de congé
pénitentiaire. Pierre Carette et Bertrand Sassoye deviennent les plus anciens
prisonniers non récidivistes dans le pays ...
17 mai 2000
La Commission de libération conditionnelle refuse la
libération de Pierre.
10 juillet 2000
Bertrand est libéré après plus de 14 ans et demi de
prison.
17 décembre 2000
Des parents et amis manifestent à Bruxelles devant le Palais
de Justice et le ministère de la Justice pour revendiquer la libération de
Pierre.
Juin 2001
Les meetings organisés en Europe pour la Journée
Internationale du Prisonnier Révolutionnaire sont l'occasion d'interventions en
faveur de la libération de Pierre.
17 septembre 2001
La Commission de libération conditionnelle refuse la
libération de Pierre.
3 novembre 2001
Des parents et amis manifestent à Bruxelles devant le Palais
de Justice et le ministère de la Justice pour revendiquer la libération de
Pierre.