Bertrand Sassoye ( 10 juillet 2000 )
Déclaration à la libération
Ce lundi 10 juillet, j'ai été libéré de la prison de Lantin sans avoir renié les principes révolutionnaires ni accepté
de condition qui équivalent à un tel reniement. Je sais que je dois une telle
libération au mouvement de solidarité. Je tiens à remercier tous les camarades
et toutes les organisations et toutes les publications qui y ont contribué, et
je les invite à redoubler d'effort jusqu'à ce que Pierre, toujours détenu à la
prison de Louvain, soit libéré à son tour.
Non seulement cette solidarité a, objectivement, empêché le
ministère de prolonger indéfiniment la détention à la faveur d'un black out,
mais cette solidarité a de plus, subjectivement, constitué un puissant
encouragement à la résistance.
Seul un prisonnier sait à quel point la nouvelle d'une
initiative solidaire menée par des camarades inconnus à Vigo, Kiev ou Zurich
peut être source de force. Et seul un prisonnier connaît l'importance de la
constance du soutien des parents, amis et sympathisants.
En 1985, je suis entré en prison comme militant communiste,
j'en sors aujourd'hui militant communiste. Le monde n'a changé qu'aux yeux de
ceux qui, pris dans le tourbillon des événements, se laissent tromper par la
surface des choses.
Quand je suis entré en prison, des milliers de travailleurs,
à Valfil, Cockerill et
ailleurs, étaient jetés sur le pavé :
pour assurer les profits capitalistes, les patrons fermaient des usines qui
produisaient pourtant des biens faisant défaut à l'immense majorité de
l'humanité.
Quand je suis entré en prison, les forces aéronavales des
puissances impérialistes menaient des campagnes néo-coloniales au Liban, à la
Grenade, en Libye et ailleurs pour assujettir les peuples et gouvernements qui
faisaient obstacle à leurs projets de domination.
Quand je suis entré en prison, le gouvernement menait une
politique foncièrement antipopulaire de réduction des acquis sociaux ( blocage des
salaires, restriction d'accès au chômage ou limitation de sa durée, etc. ), d'augmentation de la flexibilité,
de liquidation de la sécurité de l'emploi, au nom d'une compétitivité qui ne
profite qu'à une poignée de nantis. Tandis que je fais mes premiers pas hors de
prison, Belgrade n'est pas encore relevée des bombardements de l'OTAN, la
grande fabrique de matériel ferroviaire Bombardier ferme ses portes, et la
chasse aux chômeurs cohabitants bat son plein ...
Les intérêts des travailleurs, les intérêts populaires sont
sacrifiés aux intérêts capitalistes. Et il en sera ainsi tant qu'une puissante
lutte prolétarienne et populaire ne renversera pas la logique capitaliste et le
système qui en découle. En leur temps, les Cellules Communistes Combattantes
avaient essayé de contribuer à la naissance d'une telle lutte. Nous avons été défaits.
Mais cette défaite et ses suites ne prouve qu'une chose : l'absence d'initiative révolutionnaire est, au
point de vue des intérêts prolétariens et populaires, le pire qui puisse
arriver. A chaque camarade, à chaque travailleur conscient d'en tirer les
conclusions et de redoubler d'effort dans la lutte.
Vive le communisme!
Vive la révolution prolétarienne!